Clercine, lundi 2 juin 2025 — Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’est rendu ce vendredi au camp d’entraînement des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), situé à Clercine, dans le cadre d’une visite officielle axée sur le renforcement des capacités militaires nationales.
Dans un communiqué publié par la Primature, cette initiative est présentée comme un signal fort de la volonté du gouvernement de moderniser l’institution militaire haïtienne. « L’objectif est de doter le pays d’une armée nationale apte à répondre efficacement aux défis sécuritaires du moment », a souligné le chef du gouvernement.

Une coopération militaire renforcée avec le Mexique
Lors de cette visite, le Premier ministre a salué les efforts de professionnalisation entrepris au sein des FAd’H et a annoncé qu’environ 150 des meilleures recrues bénéficieront prochainement d’une formation spécialisée au Mexique. Cette coopération internationale vise à offrir un encadrement technique avancé à ces jeunes soldats, dans le but de renforcer leur efficacité opérationnelle.
Par ailleurs, le camp militaire de Clercine accueillera dans les jours à venir 250 nouvelles recrues, dans le cadre d’une expansion progressive des effectifs de l’armée.
Vers une montée en puissance de l’armée haïtienne
M. Fils-Aimé a réaffirmé sa détermination à renforcer les capacités opérationnelles et stratégiques des FAd’H. Selon lui, ces efforts s’inscrivent dans une vision de stabilité nationale, où l’armée joue un rôle clé dans la protection du territoire, le soutien aux autorités civiles et la restauration de la paix publique.
Un agenda élargi : sécurité, élections et retour à l’ordre constitutionnel
Cette initiative militaire s’intègre dans un agenda gouvernemental plus large, incluant les préparatifs pour le référendum constitutionnel et les élections générales prévues pour la fin de l’année. Ces scrutins, organisés en partenariat avec le Conseil Électoral Provisoire (CEP), doivent permettre un retour à l’ordre constitutionnel.
Cependant, de nombreux observateurs doutent de la faisabilité de ces échéances, compte tenu de la situation sécuritaire précaire qui prévaut dans le pays. Plusieurs voix s’élèvent pour estimer que l’équipe de transition ne sera pas en mesure d’organiser des élections crédibles avant la fin de l’année.
Un budget de guerre sous-exécuté
En avril dernier, le Conseil présidentiel de transition (CPT) avait adopté un budget rectificatif surnommé « Budget de guerre », dont la priorité affichée est la lutte contre l’insécurité. Or, jusqu’au 30 avril 2025, seulement 13,7 % de ce budget avaient été effectivement décaissés, selon le coordonnateur du CPT.
Lors du lancement officiel de la saison cyclonique 2025 ce vendredi, le président du CPT, Fritz Alphonse Jean, a déploré cette lenteur dans le décaissement des fonds, notamment pour faire face aux violences des gangs armés. Il a toutefois défendu l’action du CPT, assurant que toutes les responsabilités ont été prises pour appuyer la lutte contre l’insécurité. Il a également rappelé les instructions données au Premier ministre pour assurer le suivi du dossier des individus sanctionnés pour leur soutien présumé aux groupes criminels.
Sécurité et souveraineté : le double chantier du gouvernement
En misant à la fois sur la montée en puissance des FAd’H et sur l’organisation des élections générales, le gouvernement affirme sa volonté d’ouvrir la voie à un avenir fondé sur la stabilité, la souveraineté nationale et la restauration de la confiance dans les institutions républicaines.