Dans une lettre en date du 9 juillet 2025, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, a officiellement demandé au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé de fournir des explications détaillées sur quatre dossiers jugés opaques. Il s’agit notamment du renouvellement controversé du contrat entre la Caribbean Port Services (CPS) et l’Autorité portuaire nationale (APN) pour une durée exceptionnelle de 27 ans ; de la gestion du dossier de l’hôtel Oasis impliquant l’ONA, la BNC et le FDI, dans lequel l’État risquerait de perdre 17 millions de dollars en actifs ; de l’attribution jugée illégale d’un contrat relatif au système de délivrance de passeports ; et enfin, du manque de coordination concernant les mesures sécuritaires à l’échelle nationale.

Ce recours épistolaire met en lumière une réalité inquiétante : en l’absence de dialogue institutionnel formel, la gestion de l’État repose sur une coordination fragmentée, voire inexistante. Le navire national semble tanguer au gré des rivalités internes, sans boussole ni capitaine unifié.
Un contrat douteux au cœur des préoccupations
Parmi les points soulevés par le président du CPT, le renouvellement d’un contrat avec la société Caribbean Port Services (CPS) suscite de vives interrogations. Selon des informations reçues par le Conseil, ce nouveau partenariat s’étendrait sur une durée de plus de 25 ans, bien au-delà des standards habituels de 9 ans.
Fritz Alphonse Jean affirme que le CPT n’a jamais été informé de ce processus, et exige dans sa lettre une copie de tous les documents contractuels liés à cet accord, qu’ils soient anciens ou récents. Cette opacité alimente les soupçons sur la gouvernance des affaires publiques.
Une exigence de transparence dans un contexte de crise
Derrière cette démarche, le CPT affiche clairement sa volonté de renforcer la redevabilité des institutions publiques, à un moment où la population haïtienne attend des signes concrets de changement. Le président du Conseil rappelle que la transition ne saurait se limiter à une simple alternance de visages, mais doit traduire une rupture avec les pratiques opaques et les décisions prises dans le dos du peuple.
Un État en panne de gouvernance
Ce nouvel épisode jette une lumière crue sur les tensions latentes au sommet de l’État. Alors que les défis économiques, sécuritaires et sociaux s’accumulent, les institutions censées piloter la transition s’enlisent dans des querelles de pouvoir, sans transparence ni cohésion.
L’absence de Conseil des ministres, remplacé par des correspondances individuelles, témoigne d’un État affaibli, miné par les méfiances internes. Pire, elle pose une question fondamentale sur la moralité et l’intégrité de ceux qui prennent des décisions au nom de la population.
Une question qui dérange : qui protège les intérêts du peuple ?
À l’approche du 7 août, date prévue pour le passage de relais à Laurent Saint-Cyr à la tête du Conseil présidentiel, Fritz Alphonse Jean multiplie les prises de position et les demandes de reddition de comptes. Mais cette soudaine fébrilité soulève des doutes : cherche-t-il à détourner l’attention d’affaires dans lesquelles il pourrait lui-même être impliqué, comme certains projets liés à l’ONA, la BNC et l’hôtel Oasis ? En fin de mandat, est-ce la transparence qui le motive ou la manœuvre politique ? Et si l’État, prétendument en quête de gouvernance vertueuse, n’était en réalité qu’un théâtre où chacun défend ses intérêts, loin des besoins réels de la population ?