“Un an de dilapidation, de pillage et zéro résultat”
Port-au-Prince, 28 avril 2025 – Sous la base de l’accord politique du 3 avril 2024, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a été officiellement installé le 25 avril 2024. Sa mission était ambitieuse : rétablir la sécurité, engager la réforme constitutionnelle et organiser des élections en vue de transférer le pouvoir à des autorités élues d’ici 7 février 2026. Mais un an plus tard, aucun de ces engagements n’a été respecté, dénonce le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) dans un rapport-bilan accablant publié le vendredi 25 avril 2025.

Des frais exorbitants pour des résultats inexistants
Selon le RNDDH, dirigé par Pierre Espérance, les neuf membres du CPT coûtent au trésor public près de quatre-vingt-dix millions de gourdes chaque mois, soit dix millions de gourdes chacun. Cette somme englobe des rémunérations et des frais jugés scandaleux :
- Salaire : 225 000 gourdes
- Frais de fonctionnement : 75 000 gourdes
- Deuxième résidence : 400 000 gourdes
- Carte de téléphonie : 500 000 gourdes
- Frais d’intelligence : 4 500 000 gourdes
- Frais de carburant : 300 000 gourdes
- Carte de débit : 2 500 000 gourdes
- Frais pour conjoint ou conjointe : 500 000 gourdes
- Frais pour remplir le réfrigérateur : 75 000 gourdes
- Frais de nourriture : 925 000 gourdes
À cela s’ajoutent 350 000 gourdes supplémentaires pour le petit déjeuner et le lunch, ainsi que des frais spéciaux distribués à l’occasion des fêtes patronales et religieuses. À titre d’exemple, pour les dernières fêtes pascales, chaque membre du CPT a reçu entre 3 et 5 millions de gourdes.
Au total, le coût mensuel du CPT atteint 93,5 millions de gourdes, soit plus d’un milliard-cent-vingt-deux millions de gourdes (1 122 000 000) sur l’année écoulée.
Voyages à l’étranger et dépenses faramineuses
Durant ces douze derniers mois, les membres du CPT ont réalisé au moins quinze voyages internationaux. Pour chacun de ces déplacements, 5 000 dollars américains sont octroyés comme frais de représentation, et la nuitée est facturée 1 000 dollars américains. Ces missions sont accompagnées de délégations parfois composées jusqu’à quinze personnes, dont tous les frais : billets d’avion, hébergements, déplacements et alimentations sont entièrement couverts par l’État haïtien.
Pour le RNDDH, ces voyages onéreux n’ont apporté aucun résultat tangible au pays. L’organisation appelle à l’ouverture d’une enquête approfondie pour évaluer l’ampleur de ces dépenses injustifiées, qu’elle assimile à un véritable pillage des caisses de l’État.
Sous le gouvernement du CPT : un pays livré au chaos
Pendant que le CPT profite de privilèges extravagants, la situation sécuritaire du pays s’est dramatiquement aggravée. Selon le RNDDH et d’autres organismes comme l’OIM :
- 13 massacres ont été enregistrés
- 4 405 personnes assassinées
- 3 792 victimes de violences sexuelles
- 31 policiers tués
- 8 agents des Forces Armées d’Haïti (FAD’H) assassinés
- 2 membres de la MSS tués
- 6 stations de radio ou télévision incendiées, dont une rebaptisée “Taliban FM” par les gangs
- 32 territoires perdus au profit des groupes criminels
- 102 institutions publiques abandonnées ou déplacées
- 13 hôpitaux dysfonctionnels en raison de l’insécurité
- 2 évasions massives dans des prisons, entraînant 4 624 prisonniers évadés
- 89 sites d’accueil improvisés pour 89 000 personnes déplacées (selon l’OIM)
Ces chiffres effroyables dressent le portrait d’un pays complètement désarticulé, livré aux gangs, où l’État, sous la direction du CPT, est incapable de garantir la moindre parcelle d’ordre public.
Un bilan de gouvernance désastreux
En matière de gouvernance politique, le bilan du CPT est tout aussi alarmant. Aucun progrès n’a été enregistré sur le plan de la réforme constitutionnelle, de l’organisation des élections ou de l’amélioration de la sécurité. Les finances publiques, loin d’être assainies, sont systématiquement vidées au profit de l’enrichissement personnel de quelques privilégiés.
Le RNDDH souligne également que des postes stratégiques sont attribués à des personnes n’ayant fait l’objet d’aucune certification.
Le rapport conclut que la gouvernance du CPT est marquée par un gaspillage éhonté des deniers publics et un partage de privilèges entre les membres du Conseil et la Primature.
Un an après : Où sont les résultats ? Où est passé l’argent du peuple ?
Un an après l’installation du CPT, une question brûle toutes les lèvres : Que fait vraiment le CPT avec tout cet argent dilapidé ? Comment les membres du Conseil peuvent-ils justifier ces dépenses folles alors que la population meurt de faim, d’insécurité et de misère ? Se sentent-ils responsables en vivant dans l’opulence pendant que le pays s’effondre sous leurs yeux ? Combien de temps encore vont-ils continuer à piller sans rendre de comptes au peuple haïtien ?