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Haïti : la mission à double tranchant d’Erik Prince

Haïti : la mission à double tranchant d’Erik Prince

Erik Prince, fondateur de Blackwater, assiste à une présentation policière et militaire, à Guayaquil, en Équateur, le 5 avril 2025. REUTERS/Santiago Arcos/Photo d'archives Achat de droits de licence.
Erik Prince, fondateur controversé de Blackwater et proche allié de Donald Trump, a déclaré que son entreprise de sécurité privée, Vectus Global, restera en Haïti pendant une décennie. Cet engagement s’inscrit dans le cadre d’un accord avec le gouvernement haïtien visant à lutter contre les gangs et à participer au système de collecte des impôts du pays.

Port-au-Prince — Erik Prince, fondateur controversé de Blackwater et proche allié de Donald Trump, a déclaré que son entreprise de sécurité privée, Vectus Global, restera en Haïti pendant une décennie. Cet engagement s’inscrit dans le cadre d’un accord avec le gouvernement haïtien visant à lutter contre les gangs et à participer au système de collecte des impôts du pays.

Erik Prince, fondateur de Blackwater, assiste à une présentation policière et militaire, à Guayaquil, en Équateur, le 5 avril 2025. REUTERS/Santiago Arcos/Photo d'archives Achat de droits de licence.
Erik Prince, fondateur de Blackwater, assiste à une présentation policière et militaire, à Guayaquil, en Équateur, le 5 avril 2025. REUTERS/Santiago Arcos/Photo d’archives Achat de droits de licence.

Lutte contre les gangs et collecte des taxes à la frontière

Dans une interview accordée à Reuters, Prince a indiqué que son entreprise déploiera ses forces pour reprendre les territoires contrôlés par les gangs et sécuriser les principaux axes routiers, espérant rendre possible un trajet entre Port-au-Prince et Cap-Haïtien en véhicule léger sans interception d’ici un an.

Une fois la sécurité rétablie, Vectus Global prendra part à la mise en place d’un programme de taxation des marchandises importées depuis la République dominicaine, notamment aux postes frontaliers stratégiques. Le montant du contrat et les recettes fiscales attendues n’ont pas été divulgués.

Des moyens militaires considérables

Vectus a débuté ses opérations en mars, utilisant notamment des drones en coordination avec un groupe de travail dirigé par le Premier ministre. Selon une source proche des opérations, l’entreprise prévoit de renforcer sa présence dans les semaines à venir avec plusieurs centaines de combattants américains, européens et salvadoriens, spécialisés dans le tir de précision, le renseignement et les communications. Des hélicoptères et des navires devraient également être mobilisés.

Un passé controversé

Prince, ancien Navy Seal, avait fondé Blackwater en 1997. L’entreprise a été vendue en 2010 après la condamnation de ses employés pour le meurtre de 14 civils irakiens à Bagdad en 2007, lors d’une mission d’escorte pour l’ambassade américaine. Ces hommes ont ensuite été graciés par Donald Trump.

Depuis le retour de Trump à la Maison Blanche, Prince a conseillé l’Équateur dans sa lutte contre les gangs et signé un accord avec la République démocratique du Congo pour sécuriser et taxer ses ressources minières.

Position officielle des États-Unis

Interrogés sur ce contrat, un porte-parole du département d’État américain a affirmé que les États-Unis n’avaient aucun lien avec Vectus Global en Haïti et ne finançaient pas ses opérations. La Maison Blanche a confirmé ne pas exercer de supervision sur cette mission privée.

Un contexte sécuritaire alarmant

La crise haïtienne s’est aggravée ces dernières années :

Les gangs contrôlent des routes stratégiques, attaquent hôpitaux et commissariats, et pratiquent extorsions et enlèvements.

La moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire, et plus de 8 000 déplacés internes sont menacés de famine.

La frontière avec la République dominicaine, autrefois source de la moitié des recettes fiscales, est aujourd’hui sous contrôle partiel des gangs, réduisant drastiquement les revenus de l’État.

Doutes sur l’efficacité des sociétés militaires privées

Certaines entreprises de sécurité opérant en Haïti doutent de la capacité de Vectus à conserver le contrôle des zones libérées, dans un environnement où les liens entre gangs, policiers et responsables politiques sont parfois étroits.

Gédéon Jean, directeur du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), rappelle que le recours à des sociétés militaires privées peut entraîner des violations des droits humains et détourner des ressources cruciales au détriment des forces de sécurité nationales.

Pressions politiques à Washington

En juillet, neuf sénateurs américains ont adressé une lettre au secrétaire d’État Marco Rubio et à la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem, demandant des éclaircissements sur ce contrat. Ils ont évoqué de possibles violations de l’Arms Export Control Act (AECA) et du règlement ITAR, qui interdisent toute exportation de matériel militaire ou prestation de sécurité à l’étranger sans autorisation préalable du département d’État.

Parmi les questions posées figurent :

L’existence et la nature des licences d’exportation délivrées pour Haïti.

Les résultats d’éventuelles évaluations sur les risques pour la paix et les droits humains.

La compatibilité des activités de Vectus avec la mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) de l’ONU.

Les sénateurs exigent des réponses précises avant le 15 août 2025.

Quels résultats concrets une compagnie militaire privée peut-elle garantir dans la lutte contre les gangs, et pourquoi cherche-t-elle à s’impliquer dans la collecte des taxes aux frontières — s’agit-il d’un soutien à l’État ou d’un intérêt économique stratégique ?







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