AYITI AN AVAN

Cérémonie de relocalisation du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince. Photo: AYITI AN AVAN

Une Relocalisation Sous Pression

Port-au-Prince, lundi 31 mars 2025 – L’insécurité continue de paralyser la capitale, contraignant l’État haïtien à abandonner plus de 100 institutions publiques, dont des ministères, tribunaux, écoles et hôpitaux, jadis symboles du service public. Aujourd’hui, ces établissements sont désertés sous la pression des gangs. Face à ce chaos, le gouvernement tente de sauver les apparences en organisant, ce lundi 31 mars, une cérémonie de relocalisation du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, déplacé de Lalue à Delmas 75, en présence de plusieurs figures majeures du gouvernement haïtien.

Un Discours de Réforme : Des Promesses pour Restaurer la Justice

Lors de cette cérémonie, le ministre de la Justice, Patrick Pélicier, a insisté sur une réforme judiciaire profonde, articulée autour de quatre axes essentiels :

  • Action : Mise en place immédiate de mesures pour restaurer l’accès à la justice et protéger les droits des citoyens.
  • Résultat : Évaluation constante des initiatives pour garantir un impact réel et mesurable.
  • Transparence : Communication ouverte pour regagner la confiance du peuple et lutter contre la corruption.
  • Redevabilité : Responsabilisation accrue des acteurs du système judiciaire afin d’assurer la conformité des décisions avec les lois en vigueur.

Un Pays Quasiment Sans État : L’Abandon des Institutions Clés

Parmi les institutions aujourd’hui désertées, certaines symbolisent l’effondrement de l’autorité de l’État. Le Palais National, cœur du pouvoir exécutif, le Palais de Justice et le Palais Législatif, piliers de la démocratie, sont désormais inoccupés. Les écoles phares, comme le Lycée Toussaint Louverture et le Lycée Marie-Jeanne, ainsi que l’Hôpital Général, sont à l’abandon, privant des milliers de citoyens de services essentiels. Même des institutions financières majeures, telles que la Banque de la République d’Haïti (BRH) et la Banque Nationale de Crédit (BNC), ont fermé leurs portes.

Quel Avenir pour un État Qui Recule ?

Si l’État lui-même est contraint de fuir, où va la nation ? La relocalisation du Tribunal de Première Instance à Delmas est-elle une solution durable ou un aveu d’échec face à la montée des gangs ? Haïti peut-elle fonctionner sans ses institutions phares, sans sa justice, sans ses écoles et sans ses hôpitaux ? L’avenir du pays est plus incertain que jamais, alors que l’administration recule face à une insécurité devenue le véritable maître du territoire. En fin de compte, que reste-t-il d’un pays où même l’État n’a plus de territoire ?

Auteurs: Junior Jean & Mewodjina Fleurial