AYITI AN AVAN

“Un retour bruyant après un long silence”

Port-au-Prince, mardi 29 avril 2025 – L’ancien sénateur du Nord, figure controversée de la scène politique haïtienne, Moïse Jean-Charles est passé du rôle de tribun de la rue à celui d’acteur du pouvoir en intégrant l’accord du 3 avril et le Conseil présidentiel de transition via son parti “Pitit Desalin”. Mais après un an de participation, il sonne l’alarme sur ce qu’il appelle la faillite morale et politique du CPT. Lundi 28 avril 2025, au micro de Magik9, il a dénoncé les dérives internes du Conseil, pointé du doigt sur l’inaction face aux gangs, et menacé de retirer son représentant si des mesures concrètes ne sont pas prises. Une sortie qui ressemble autant à une stratégie de repositionnement qu’à un aveu d’échec.

L'ancien sénateur du Nord Moïse Jean-Charles. (Photo publiée par Magik9 sur son compte X)
L’ancien sénateur du Nord Moïse Jean-Charles. (Photo publiée par Magik9 sur son compte X)

Des accusations graves contres les membres du Conseil

Dans son intervention radio, Moïse a pointé du doigt sur « l’incapacité, l’irresponsabilité et le manque de volonté » des membres du CPT à neutraliser les gangs armés, accusés de terroriser la population haïtienne. Il a tenté d’expliquer, selon sa propre théorie, la prise de territoires par les gangs comme une mission tentée avec plusieurs gouvernements. Il affirme que son parti a sollicité une rencontre avec le coordonnateur du Conseil pour discuter de solutions concrètes à la crise sécuritaire, mais cette tentative aurait été sabotée, selon lui, par Fritz Alphonse Jean, qu’il accuse d’avoir quitté la salle avant même le début des discussions cruciales. Une attitude qu’il qualifie de méprisante et révélatrice du manque de sérieux qui gangrène la gouvernance du pays. 

Un ultimatum et une tentative de sauvetage d’image

Pire encore, Moïse accuse certains membres du CPT de se concentrer davantage sur la signature de contrats juteux à des fins personnelles que sur la recherche de solutions aux problèmes urgents de la nation. Il menace désormais de rappeler Emmanuel Vertilaire d’ici deux semaines si aucun effort tangible n’est observé. Et pour mieux se dédouaner de l’échec collectif, il insiste sur le fait que « Pitit Desalin » ne représente qu’une voix sur neuf au sein du Conseil. Après douze mois de participation discrète, l’ancien sénateur tente visiblement de regagner sa posture d’opposant, oscillant entre aveu d’impuissance et stratégie politique. Pour beaucoup, cette sortie ressemble à une manœuvre classique de repositionnement : se distancer d’un pouvoir défaillant pour mieux renaître dans la contestation.