
Un soulèvement populaire sous tension
Port-au-Prince, mercredi 19 mars 2025 – La capitale haïtienne a été secouée ce mercredi par une manifestation massive contre la violence des gangs. Dès 10 h du matin, des milliers de personnes venues de Canapé-Vert, Solino et d’autres quartiers se sont rassemblées à Juvénat avant d’envahir les rues de Port-au-Prince. Brandissant des pancartes de Vladimir Poutine et des drapeaux russes, ils réclamaient une intervention musclée contre les groupes armés qui sèment la terreur au quotidien. Leur objectif était clair : exiger des autorités qu’elles prennent enfin des mesures concrètes pour sécuriser la population.
“Nou bouke !” : un peuple en guerre contre l’inaction
Déterminés et en colère, les manifestants ont lancé des slogans hostiles au gouvernement et au Conseil présidentiel de transition (CPT), qu’ils accusent d’inaction face à la montée de l’insécurité.
“Nous mourons tous les jours sous les balles des gangs et l’État ne fait rien !” criait un manifestant, le poing levé. Alors que la foule avançait vers la Villa d’Accueil, la tension a pris une autre allure.
Les forces de l’ordre ont tenté de bloquer leur progression en lançant des grenades lacrymogènes pour disperser la foule. Mais, loin de reculer, les manifestants ont continué leur marche vers leur destination. Pris de court, les policiers ont alors ouvert le feu en l’air pour effrayer la foule et tenter d’évacuer la zone. Malheureusement, deux personnes sont tombées sous les balles, plongeant la manifestation dans un chaos total.
Les journalistes, entre devoir d’informer et danger permanent
Au cœur de cette mobilisation explosive, plusieurs journalistes étaient présents pour couvrir les événements et faire entendre les revendications du peuple haïtien. Mais dans cette atmosphère de défiance et de rage, leur travail est devenu une mission périlleuse. Certains reporters ont été agressés. Junior Jean, journaliste-reporter d’AYITI AN AVAN, a été abattu, et d’autres ont dû fuir sous la pression d’une foule méfiante qui les accuse de ne pas relayer fidèlement leurs souffrances.
Malgré les risques, ces journalistes tentent de faire passer les SOS d’un peuple qui se sent abandonné, trahi par ses dirigeants et ignoré par la communauté internationale.
“S’attaquer aux journalistes, c’est réduire au silence la souffrance d’un peuple en détresse. Nous comprenons la colère, mais sans une presse libre, les abus resteront impunis. Nous condamnons aujourd’hui les abus et la violence subis par nos collègues et moi-même à la Villa d’Accueil, mais nous devons en tirer des leçons. Le respect du journalisme exige une prise de conscience collective, une protection de ceux qui se battent pour la vérité et un soutien psychologique pour ceux qui ont subi des traumatismes en raison de leur métier. Renforçons notre solidarité et réaffirmons notre rôle indispensable dans la société. Notre voix, bien que salie par la violence, ne doit jamais faiblir. Informer est un devoir, et nous continuerons à le remplir avec courage.”
a déclaré Junior, journaliste-reporter d’AYITI AN AVAN.
Avec la méfiance croissante envers les médias et la violence qui s’intensifie, une question cruciale demeure : si les journalistes sont attaqués et que l’information ne circule plus, comment le monde entier prendra-t-il conscience de la tragédie qui se joue en Haïti ?