AYITI AN AVAN

Port-au-Prince, mardi 20 mai 2025 – Depuis mardi, la capitale haïtienne et une partie du département du Centre sont privées d’électricité, à la suite de l’arrêt forcé de la centrale hydroélectrique de Péligre par des manifestants dénonçant l’insécurité croissante dans la région. Une situation que l’Électricité d’Haïti (EDH) qualifie de sabotage « odieux ».

Un acte de protestation contre l’insécurité généralisée

À l’origine de cette coupure, une mobilisation initiée par des organisations de la société civile de Mirebalais et Saut d’Eau. Ces deux villes du Centre sont récemment tombées sous le contrôle de gangs armés, suscitant la colère des habitants.
Robenson Mazarin, avocat et militant, ainsi que coordinateur du Mouvement des Citoyens Engagés du Centre, a expliqué à l’AFP :
« Nous avons décidé d’arrêter la centrale parce que l’État a abandonné nos villes. Les autorités refusent de combattre les gangs. Tant que cela continue, la centrale restera fermée ».

Péligre à l’arrêt, la capitale dans l’obscurité

Cette action de blocage a paralysé la principale source d’approvisionnement en électricité de Port-au-Prince. L’EDH a dénoncé une « opération de sabotage inacceptable » ayant provoqué un black-out complet dans les zones desservies par la centrale hydroélectrique de Péligre.

Gangs en expansion : le Centre sous leur emprise

Depuis le 31 mars, la ville de Mirebalais est sous le contrôle de la coalition armée « Viv Ansanm »,  à l’origine d’une évasion massive de plus de 500 détenus d’une prison locale.
La pression des gangs a également contraint l’hôpital universitaire de Mirebalais, établissement majeur du pays, à évacuer personnel et patients. L’hôpital a annoncé sa fermeture temporaire le 23 avril, faute de sécurité.

Un pays au bord du gouffre

Haïti, déjà classé comme l’État le plus pauvre du continent américain, subit une montée alarmante de la violence liée aux gangs : assassinats, viols, pillages, enlèvements sont devenus monnaie courante.
Depuis mi-février, les attaques se sont multipliées, y compris dans des zones autrefois épargnées, malgré l’arrivée partielle de la mission multinationale dirigée par le Kenya, censée soutenir la Police nationale haïtienne, totalement dépassée.

L’ONU tire la sonnette d’alarme

Selon les chiffres des Nations Unies, plus de 1600 personnes, majoritairement des membres de gangs, ont été tuées en Haïti durant le premier trimestre 2025. L’ONU alerte désormais sur une dérive vers un « point de non-retour », synonyme de chaos généralisé pour le pays.