
Port-au-Prince, vendredi 25 avril 2025 – Pris en otage par la terreur des gangs, abandonnés par leur propre gouvernement, des milliers d’haïtiens vivent aujourd’hui en exil dans leur propre pays. Fuyant des violences d’une brutalité inouïe, ces réfugiés internes s’entassent dans des camps de fortune, livrés à eux-mêmes, pendant que l’État reste spectateur d’un drame qui s’aggrave chaque jour. Face à cette crise humanitaire sans précédent, la question de leur protection, de leur dignité et de leur avenir ne peut plus attendre.
La Montée de la Violence des Gangs
Au cours des dernières années, la situation sécuritaire en Haïti s’est détériorée de manière alarmante. Les gangs, qui contrôlent de vastes territoires dans les zones urbaines, usent de la violence pour imposer leur pouvoir. Des enlèvements, des extorsions et des violences physiques sont devenus monnaie courante, laissant la population dans la peur constante. Face à ce climat d’insécurité, de nombreuses familles n’ont d’autre choix que de fuir leurs maisons, abandonnant derrière elles leurs biens et leurs souvenirs.
Un État Spectateur du Chaos
Malgré l’ampleur de la crise, l’État haïtien peine à assumer ses responsabilités. Les forces de sécurité, souvent mal équipées et sous-payées, sont incapables de protéger efficacement la population. Les promesses d’intervention gouvernementale tardent à se concrétiser, et les ressources allouées à l’aide aux réfugiés restent largement insuffisantes. Dans ce vide de gouvernance, les organisations non gouvernementales font ce qu’elles peuvent, mais leurs efforts ne suffisent pas à subvenir aux besoins essentiels des milliers de personnes déplacées.
Survivre dans l’Indignité
Dans les 16 sites d’accueil recensés à Port-au-Prince et Delmas, près de 49 000 personnes déplacées vivent dans des conditions indignes : salles de classe transformées en dortoirs surpeuplés, parkings jonchés de tentes de fortune, absence d’installations sanitaires, accès limité à l’eau potable, famine rampante, soins médicaux quasi inexistants. Le désespoir est palpable. Pourtant, au cœur de cette tragédie, des élans de solidarité émergent. Des réseaux d’entraide communautaire tentent d’apporter soutien moral et partage de ressources, preuve de la résilience haïtienne.
L’Incertitude du Retour
Pour les réfugiés, le retour à la normale semble un rêve lointain. Même ceux qui souhaitent retourner dans leurs quartiers d’origine se retrouvent face à une réalité dévastatrice. Les promesses de sécurité de la part de l’État sont vaines, et le sentiment d’insécurité demeure omniprésent. Bon nombre d’entre eux se demandent s’ils pourront un jour retrouver leurs maisons sans craindre pour leur vie. Cette incertitude alimente un cycle de désespoir et augmente le risque de tensions sociales.
L’Office de la Protection du Citoyen (OPC) tire la sonnette d’alarme : l’État doit agir. Il en va non seulement de la sécurité de ces réfugiés internes, mais aussi de la stabilité de la nation toute entière. Alors que les armes dictent leur loi, que reste-t-il de l’autorité républicaine ? Quelles mesures concrètes l’État haïtien et la communauté internationale peuvent-ils mettre en place pour garantir la sécurité et la dignité des réfugiés lors de leur retour dans leurs demeures respectives face à la menace persistante des gangs ?