AYITI AN AVAN

Fritz Alphonse Jean, président du CPT, a lancé un SOS à la CARICOM et aux États-Unis.

Port-au-Prince, lundi 14 avril 2025 – L’heure tourne, et la pression monte. À moins de 48 heures d’une manifestation qui peut tout basculer, le Conseil présidentiel de transition (CPT) vacille. Depuis plusieurs semaines, les gangs armés multiplient les attaques à Port-au-Prince, au Centre et étendent désormais leur menace vers le Sud. Pris pour cible tant par les criminels que par une population à bout de nerfs, le pouvoir appelle à l’aide. Fritz Alphonse Jean, président du CPT, a lancé un SOS à la CARICOM et aux États-Unis : sans renforts, tout risque de s’effondrer.

Un cri d’alarme : le CPT isolé face à l’effondrement

Face à cette montée de tensions, le président du CPT, Fritz Alphonse Jean, a lancé un cri de détresse à la CARICOM le week-end dernier. Selon The Miami Herald, c’est lui qui a alerté la présidente en exercice de la CARICOM, Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, qui a aussitôt contacté le Département d’État américain.

La CARICOM et les États-Unis : des mots forts, des actions faibles

Dans une déclaration officielle datée du dimanche 13 avril, la CARICOM a exprimé sa « profonde préoccupation » face à une situation qu’elle qualifie d’« inacceptable » :

« Une coalition de gangs criminels menace de s’emparer du pouvoir et d’imposer un changement de gouvernance en Haïti. (…) La CARICOM condamne fermement toute tentative de remplacer les dispositions transitoires par la force et la violence. »

Ces dispositions transitoires, selon l’organisation, doivent mener à des élections libres d’ici le 7 février 2026. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre : la violence s’intensifie, les institutions sont fragilisées et les forces de l’ordre peinent à contenir les assauts répétés des groupes criminels.

La CARICOM indique avoir engagé des consultations avec les partenaires internationaux pour offrir une assistance sécuritaire d’urgence. Elle affirme soutenir les efforts des forces haïtiennes et de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) dirigée par le Kenya. Mais sur le terrain, la mission peine à se matérialiser réellement : les troupes promises se font attendre, les financements stagnent et les moyens restent dérisoires face à des gangs de mieux en mieux équipés.

Dans la foulée, les États-Unis ont repris à leur compte le discours de la CARICOM. Par la voix de Tammy Bruce, porte-parole du Département d’État, Washington a déclaré :

« Les États-Unis soutiennent la déclaration de la CARICOM condamnant toute action visant à déstabiliser le CPT. (…) Nous supportons les efforts de la MMAS dirigée par le Kenya et ceux de la CARICOM pour restaurer la paix et la stabilité en Haïti. »

Mais ce soutien sonne creux. Les Haïtiens attendent toujours des actions concrètes. La population est livrée à elle-même, prise en étau entre un pouvoir en sursis, des gangs sans limite et une communauté internationale impuissante ou indifférente.

Cela fait des mois que les grandes puissances promettent de venir en aide à Haïti, qu’elles répètent les mêmes formules diplomatiques, qu’elles condamnent avec fermeté… sans jamais agir avec efficacité. Pendant ce temps, les balles pleuvent, les enfants fuient, les hôpitaux ferment et le tissu social s’effondre. Le peuple haïtien n’a pas besoin de compassion tiède ni de communiqués de presse. Il a besoin de sécurité, de justice et de respect. À part s’opposer et condamner, que fait réellement la communauté internationale pour freiner ce drame ? Attend-elle la disparition entière du peuple sous les pluies de balles ou l’installation de sa coalition « Viv Ansanm » à la tête du pays ?