Ce lundi 4 août 2025, les États-Unis ont annoncé la fermeture temporaire de leur ambassade à Port-au-Prince, précisément dans la commune de Tabarre, en raison de la montée des violences. Un message d’alerte publié sur le site officiel de la mission diplomatique fait état de « violents échanges de tirs » dans les abords immédiats. Les diplomates américains n’ont plus, le droit de sortir de l’enceinte et la population est appelée à éviter la zone.

Échanges de tirs et panique à Tabarre
Dès les premières heures de la matinée, des rafales d’armes automatiques ont été entendues dans le secteur. Des témoins rapportent de violents affrontements entre des unités de la police nationale et des membres de gangs armés.
Le quartier est également connu pour abriter le gang Kraze Baryè, mené par Vitelhomme Innocent, l’un des criminels les plus recherchés par les autorités américaines. Ces dernières semaines, plusieurs opérations de police ont visé son réseau : saisies d’armes, reprises de territoires, et vidéos de fuites de ses partisans devenues virales. Cependant, des doutes persistent sur la continuité et l’efficacité de ces interventions.
Une capitale prise en otage par les gangs
Cette nouvelle flambée de violence s’inscrit dans une crise sécuritaire persistante, aggravée par l’absence du déploiement effectif de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), dirigée par le Kenya. Pendant ce temps, les gangs renforcent leur contrôle sur la capitale.
Entre avril et juin 2025, selon le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), plus de 1 500 personnes ont été tuées dans des incidents liés à la criminalité et à des opérations policières. Une majorité des victimes sont des civils. Près de 90 % de la région métropolitaine serait désormais sous l’influence directe de groupes armés.
Le Conseil de transition à la peine, Washington réagit
Le Conseil présidentiel de transition (CPT), mis en place pour sortir le pays du chaos, peine à instaurer des mesures d’urgence ou à freiner la dégradation sécuritaire. Malgré cela, les États-Unis ont réaffirmé leur soutien à cette structure le 1er août dernier.
Washington met en garde contre toute tentative de déstabilisation de ce processus et promet des sanctions ciblées à l’encontre des acteurs qui nuiraient à cette transition.
Des contradictions dans la politique américaine envers Haïti
Cette fermeture de l’ambassade, bien que présentée comme temporaire, révèle un niveau critique de danger pour les ressortissants américains en Haïti. Pourtant, les autorités américaines maintiennent que le pays est sûr pour accueillir les migrants haïtiens renvoyés, et projettent de mettre fin au TPS (Statut de protection temporaire) dès septembre. Une décision fortement critiquée par des associations et parlementaires.
Par ailleurs, des mercenaires américains sont toujours présents sur le sol haïtien, tandis que le Département d’État déconseille aux citoyens américains tout voyage vers Haïti.
Des élus américains demandent des explications
Face à ces positions contradictoires, plusieurs sénateurs des États-Unis ont adressé une lettre à l’administration, interpellant la secrétaire à la sécurité intérieure. Ils réclament des explications sur les décisions prises concernant Haïti, notamment sur la sécurité, l’immigration et le soutien à la transition politique.