AYITI AN AVAN

“Haïti déclaré sûr pour les Haïtiens, dangereux pour les Américains”, le paradoxe américain.

WASHINGTON, vendredi 27 juin 2025 – Le Département américain de la Sécurité intérieure (DHS) vient de frapper un grand coup : le statut de protection temporaire (TPS) accordé aux ressortissants haïtiens prend officiellement fin. La secrétaire Kristi Noem l’a confirmé : l’expiration est fixée au 3 août 2025, avec prise d’effet dès le 2 septembre 2025. Une annonce qui plonge des milliers de familles haïtiennes dans l’incertitude.

Un retour au pays jugé “sûr” par les autorités américaines

Dans un communiqué officiel, le DHS explique sa décision :

« La situation environnementale en Haïti s’est suffisamment améliorée pour que les citoyens haïtiens puissent rentrer chez eux en toute sécurité. »

Après consultations avec les agences américaines et un examen minutieux des conditions sur place, la secrétaire Noem estime qu’ Haïti ne répond plus aux critères d’éligibilité du TPS. Selon elle, prolonger ce statut serait désormais contraire à l’intérêt national des États-Unis.

Des alternatives légales encore floues pour les Haïtiens aux USA

Le DHS encourage les ressortissants haïtiens à demander un autre statut légal, si possible, ou à préparer leur retour volontaire grâce aux ressources mises à disposition, notamment via l’application CBP Home. Cette application permet de planifier et de signaler leur départ.
Mais pour beaucoup, les possibilités d’obtenir un statut légal sont limitées. Avocats et associations redoutent un futur fait de détentions, d’expulsions et de familles séparées.

Une décision controversée dans un contexte de crise en Haïti

La déclaration américaine survient alors même qu’Haïti continue de faire face à des défis majeurs : insécurité chronique, crise humanitaire, instabilité politique.
De nombreuses voix s’élèvent déjà : défenseurs des droits humains, élus et ONG dénoncent une mesure déconnectée de la réalité. « Par quel miracle Haïti est-il devenu sûr en quelques mois ? », s’interroge un représentant d’une organisation pro-immigrés.

Et maintenant ? Le compte à rebours est lancé

Les Haïtiens bénéficiant du TPS disposent de 60 jours pour se préparer : chercher un nouveau statut, organiser leur retour ou se battre contre une expulsion.
Le DHS promet un accompagnement, mais l’inquiétude domine. Des mobilisations sont déjà annoncées devant la Maison Blanche et le Congrès.

Une décision aux lourdes conséquences

Avec la fin du TPS, c’est l’avenir de plus de 500 000 Haïtiens qui est remis en question. Depuis des années, les bénéficiaires du TPS vivent aux États-Unis, loin d’un pays qu’ils ne reconnaissent plus : leur maison a disparu, leur quartier est livré aux gangs, leurs proches ont fui. Haïti aujourd’hui, c’est l’absence de refuge, de stabilité et de services essentiels, mais on leur ordonne tout de même de « retourner chez eux ». Mais où, exactement ? À Martissant sous le joug des bandits ? À Croix-des-Bouquets, désertée ? À Gressier, Kenscoff, Mirebalais, Savien ou La Chapelle, des zones tout aussi dangereuses ? Et comment, avec un aéroport qui ferme sans prévenir ? Cette injonction les condamne à l’abandon et à la violence, pendant que les autorités haïtiennes, une fois encore, se murent dans un silence honteux, sans protestation ni demande de réexamen.

Haïti est-il vraiment sûr ? Alors pourquoi les Américains, eux, doivent-ils rentrer chez eux au plus vite ?