AYITI AN AVAN

Après l’évasion de plus de 500 prisonniers et la progression des bandes armées, les autorités haïtiennes craignent de perdre le contrôle de la capitale. Photo (REUTERS)

Un nouvel assaut criminel sur Mirebalais

Port-au-Prince, mardi 1er avril 2025 – Après la prise en otage de Solino et Delmas 30 ces derniers mois par des gangs armés, ces criminels sont partis en quête d’un nouveau territoire. Des bandits de Canaan, lourdement armés, ont investi la route nationale numéro 3, au niveau du Morne-à-Cabris, en passant par Trianon, pour s’accaparer la commune de Mirebalais. Ils ont défilé en tirant sur des maisons, des véhicules et des passants, avant de libérer tous les prisonniers de la prison civile de Mirebalais.

Une ville plongée dans le chaos

La ville a été plongée dans un climat de terreur, avec des tirs dirigés vers les habitations, forçant de nombreux habitants à fuir leurs demeures. Ces criminels ont incendié des véhicules et attaqué plusieurs infrastructures, y compris l’Hôpital Universitaire de Mirebalais, pris d’assaut par des riverains en colère. La panique totale s’est emparée de la population, abandonnée à elle-même face à cette vague de violence.

Me Occéan souligne qu’au moment de l’assaut initial, aucun policier ne se trouvait au commissariat, laissant la population seule face à la furie des criminels. Cette situation soulève de sérieuses inquiétudes quant à la gestion de la sécurité dans la région et à l’engagement des autorités face à cette crise.

Une riposte tardive et insuffisante de la PNH

Face à cette montée de violence, la Police Nationale d’Haïti tente d’organiser la riposte. « Plusieurs unités spécialisées de la PNH sont déjà déployées en renfort au commissariat de Mirebalais, département du Centre, en vue de traquer les malfrats qui cherchent à terroriser la population civile », a déclaré Lionel Lazarre, porte-parole adjoint de la PNH.

Mais une question cruciale se pose : pourquoi la PNH agit-elle toujours en réaction plutôt qu’en prévention ? Depuis plusieurs semaines, les habitants de Mirebalais lançaient des appels à l’aide, signalant les mouvements suspects de gangs dans la région. Pourtant, aucune intervention sérieuse n’a été menée avant que la ville ne tombe sous les assauts criminels.

La stratégie défensive de la PNH, qui attend que les gangs sèment la destruction avant d’intervenir, semble être un schéma récurrent. Pourquoi ne pas frapper en amont et empêcher ces attaques, au lieu de tenter, à chaque fois, de reprendre le contrôle après d’énormes dégâts humains et matériels ?

Ce mardi, malgré un calme apparent au centre-ville, des échanges de tirs sont signalés dans plusieurs quartiers. Les forces de l’ordre tentent de déloger les criminels qui se sont éparpillés dans certaines localités reculées de la ville.

Avec cette nouvelle offensive criminelle, Mirebalais est sur le point de rejoindre la liste des territoires perdus par l’État haïtien. L’absence de réponse efficace des autorités face à la progression des gangs armés témoigne d’un effondrement total du contrôle étatique. Laisser une ville stratégique comme Mirebalais basculer dans l’anarchie, sans une riposte ferme, démontre l’irresponsabilité du gouvernement, qui semble avoir abandonné certaines régions du pays à la loi des gangs.

Jusqu’à quand Haïti continuera-t-elle à perdre du terrain face aux gangs armés ?