Port-au-Prince, mercredi 2 juillet 2025 – Dans un communiqué diffusé ce mardi 1er juillet 2025, à l’issue d’une rencontre avec des représentants de la CARICOM, le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana (BSA) a exprimé ses vives préoccupations face aux récentes décisions de l’Organisation des États américains (OEA) concernant Haïti. Le BSA y voit une « officialisation » de la mise sous tutelle du pays, et pointe la responsabilité du Conseil présidentiel de transition (CPT), accusé d’avoir sollicité cette ingérence étrangère.


Une résolution de l’OEA au cœur des critiques
La déclaration du BSA intervient après l’adoption, le 27 juin 2025, d’une résolution de l’OEA demandant à son secrétaire général de préparer un plan d’action global pour Haïti dans un délai de 45 jours. Pour le BSA, ce texte confirme « un processus de tutelle en gestation depuis plusieurs années » et constitue une atteinte grave à la souveraineté nationale.
« Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que l’OEA intervient dans les affaires internes d’Haïti au mépris de la volonté populaire », rappelle le Bureau, faisant référence au rôle controversé de l’organisation lors de la crise électorale de 2010.
Le Conseil Présidentiel de Transition accusé de complicité
Le BSA reproche au CPT d’avoir, selon lui, ouvert la porte à cette intervention étrangère en sollicitant le soutien de l’OEA. La structure politique va jusqu’à qualifier cette démarche de « sacrilège » et d’« acte de soumission » aux intérêts extérieurs.
« Nous devons reconnaître l’échec du CPT et refuser que la complaisance masque l’évidence : nous sommes en guerre contre la Nation haïtienne », déclare le BSA.
Le Bureau appelle ainsi les citoyens à se détourner du Conseil et à œuvrer en faveur d’une alternative politique portée par des forces patriotiques et ancrées dans la réalité du pays.
La CARICOM et la République dominicaine également pointées du doigt
Le BSA émet également des réserves sur la médiation assurée par la CARICOM. Selon lui, l’organisation régionale aurait perdu sa neutralité en influençant le cours des négociations politiques internes.
« La CARICOM ne peut plus prétendre faciliter un dialogue tout en dictant ses termes », estime le Bureau, qui appelle l’organisation à « écouter les forces vives de la Nation » et à relayer fidèlement la voix des Haïtiens sur la scène internationale.
La République dominicaine n’échappe pas aux critiques. Le BSA dénonce ce qu’il considère comme une « mise en scène diplomatique » du pays voisin au Conseil de sécurité de l’ONU, tout en l’accusant de profiter économiquement de la précarité des Haïtiens et de violer les droits fondamentaux des migrants.
« La République dominicaine continue de maltraiter nos compatriotes avec violence et mépris, tout en exportant massivement ses produits sur notre territoire », indique la déclaration.
Un appel à une nouvelle concertation nationale
Enfin, le BSA plaide pour l’organisation de nouveaux espaces de dialogue incluant la diaspora et des forces sociales marginalisées, dans le but de construire une issue à la crise qui soit pensée « par nous, pour Haïti ».
« La crise que nous vivons n’est pas une fatalité, mais le résultat de choix politiques irresponsables », conclut le Bureau, qui en appelle à un « sursaut collectif » pour bâtir un avenir souverain, libre et juste.
Alors que de nombreux acteurs internationaux s’impliquent dans la recherche d’une issue pour Haïti, la question reste entière : une solution imposée ou pilotée de l’extérieur peut-elle répondre durablement aux besoins et aspirations du peuple haïtien ? Ou au contraire, seule une démarche construite par les Haïtiens eux-mêmes, en tenant compte des réalités locales, serait-elle en mesure d’offrir une voie vers la souveraineté et la stabilité ?