Port-au-Prince, mardi 24 juin 2025 – Le Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) a tiré la sonnette d’alarme le 23 juin 2025 en dénonçant des anomalies majeures dans le processus de régularisation des enseignants. Ce chantier, amorcé suite à un acte d’engagement signé en janvier entre le gouvernement et six plateformes syndicales, visait à intégrer officiellement des enseignants travaillant sans rémunération ni lettre de nomination.

Mais à la surprise du ministère, des lettres de nomination falsifiées ainsi que de faux diplômes, notamment du baccalauréat, de l’École normale d’instituteurs (ENI) et du Centre de formation pour l’éducation fondamentale (CFEF), ont été retrouvés dans plusieurs dossiers transmis par des syndicats.
Le MENFP dénonce une tentative de sabotage
« Le MENFP condamne fermement ces tentatives de fraudes visant à compromettre les efforts de régularisation en cours et à manipuler les procédures administratives de l’État », peut-on lire dans le communiqué officiel.
Le ministère appelle les syndicats signataires à faire preuve de responsabilité et à vérifier scrupuleusement les documents transmis. Il assure qu’une vérification rigoureuse se poursuit en collaboration avec les instances compétentes pour authentifier chaque pièce.
Vers des poursuites judiciaires ?
Face à cette situation préoccupante, le MENFP n’écarte pas des poursuites judiciaires contre les auteurs et complices de ces actes frauduleux. Des sanctions sont donc à prévoir, conformément aux lois en vigueur.
Retour sur un accord crucial pour le système éducatif
Pour rappel, l’accord du 20 janvier 2025 visait à mettre fin à une grève nationale des enseignants qui avait paralysé le système scolaire pendant plusieurs jours. Parmi les engagements pris par le gouvernement :
- La régularisation des enseignants non nommés ou non rémunérés ;
- Le paiement des arriérés de salaire dus par le MENFP ;
- L’attribution d’une carte de débit de 15 000 gourdes aux enseignants et au personnel administratif.
Le MENFP reste ferme mais ouvert à la coopération
Malgré ces irrégularités, le ministère réitère sa volonté de respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord du 20 janvier, mais insiste sur la nécessité de le faire dans un cadre d’éthique, de transparence et de légalité.
« Le MENFP ne saurait tolérer aucune forme de manipulation administrative. La régularisation est un droit, mais elle doit reposer sur des bases solides et légitimes », précise le communiqué.
Un appel à la vigilance des syndicats
Le ministère sollicite une collaboration sincère et active des plateformes syndicales pour la suite du processus. Il les exhorte à jouer leur rôle de filtre afin de garantir l’intégrité des dossiers transmis. « Chaque dossier douteux retarde l’ensemble du processus et nuit à la crédibilité des enseignants qui, eux, attendent cette régularisation dans les règles », ajoute une source au sein du MENFP.
Un tournant décisif pour l’avenir de l’éducation
Ce scandale met en lumière les défis structurels et éthiques auxquels fait face le système éducatif haïtien. Alors que des milliers d’enseignants espèrent une régularisation méritée, les actes de fraude risquent de compromettre une avancée sociale cruciale.
À l’heure où le pays cherche à reconstruire son système éducatif sur des bases plus solides, le respect des procédures, la transparence et la lutte contre la corruption doivent être au cœur de toute réforme.
Quelles mesures concrètes le MENFP adoptera-t-il pour renforcer les contrôles ? Les plateformes syndicales joueront-elles le jeu de la transparence ? Comment peut-on prétendre éduquer et former les générations futures en foulant aux pieds les valeurs fondamentales d’intégrité, de mérite et de justice ?