Port-au-Prince, jeudi 15 mai 2025 – Dans une lettre adressée au commissaire du gouvernement de Port-au-Prince en date du 12 mai 2025, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Patrick Pélissier, a ordonné la mise en œuvre de mesures conservatoires à l’encontre des citoyens haïtiens visés par des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Parmi les mesures phares, figure le gel immédiat de tous les comptes bancaires appartenant à ces individus, ainsi qu’à leurs complices. Cette décision s’appuie sur la résolution 2653 du Conseil de sécurité de l’ONU et le décret du 30 avril 2023, qui renforcent la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive.

Enquêtes financières élargies
Le ministre a également enjoint les institutions spécialisées en matière de contrôle financier à lancer des enquêtes sur l’ensemble des activités économiques liées aux personnes sanctionnées. L’objectif : identifier d’éventuels réseaux de soutien ou de complicité et assainir le système financier national.
Une coopération judiciaire internationale en cours
Depuis mars 2025, le ministère de la Justice multiplie les démarches diplomatiques auprès des ambassades des pays ayant imposé des sanctions à certains ressortissants haïtiens. Il leur a été demandé de transférer les dossiers concernés afin que les autorités judiciaires haïtiennes puissent entreprendre les poursuites nécessaires.
Le Conseil présidentiel exige des actions concrètes
Le président du Conseil présidentiel de transition, Fritz Alphonse Jean, a également appelé, dans une note en date du 28 avril 2025, à une mobilisation urgente des instances judiciaires compétentes pour statuer sur ces dossiers.
Interrogé à ce sujet le 2 mai dernier, Me Patrick Pélissier a affirmé que son ministère avait « une longueur d’avance » : « Nous avions déjà reçu des instructions du Premier ministre et commencé à nous pencher sur la question. »
Si ces annonces marquent un pas important vers une justice plus rigoureuse face aux crimes économiques, plusieurs questions restent en suspens : Quand les premiers procès auront-ils lieu ? Ces mesures seront-elles appliquées sans distinction, même aux figures influentes ? La justice haïtienne pourra-t-elle aller jusqu’au bout, malgré les pressions politiques ou les risques de représailles ?