
Port-au-Prince, jeudi 24 avril 2025 – Huit jours à peine après l’annulation d’une méga-manifestation prévue pour dénoncer l’insécurité, sous l’initiative du leader communautaire Samuel, le quartier de Pacot a été le théâtre d’un véritable massacre. Ce mercredi 23 avril, au moins cinq membres des brigades de vigilance du Canapé-Vert ont été tués lors d’affrontements sanglants avec des bandits lourdement armés.
Une embuscade soigneusement préparée
Selon les informations obtenues par Le Nouvelliste, les brigadiers tentaient de déloger des criminels bien installés dans la zone, quand ils sont tombés dans un piège méticuleusement tendu. Pris pour cible, ils n’ont eu que peu de chances de s’en sortir. Des blessés ont été recensés, mais leur nombre reste incertain. Du côté des criminels, des pertes sont aussi évoquées, sans confirmation officielle.
Une mise en scène barbare diffusée sur les réseaux
Dans une démonstration de cruauté et d’arrogance, les bandits ont publié des vidéos glaçantes montrant leur célébration autour des corps mutilés des brigadiers. Pire encore, ils brandissent les têtes de leurs victimes comme des trophées. Ces images insoutenables, devenues virales, ont choqué une population déjà traumatisée par l’insécurité ambiante.
La violence gagne Kenscoff
Pendant ce temps, à Kenscoff, un blindé de la Police nationale d’Haïti (PNH) a été incendié par des membres de la coalition criminelle Viv Ansanm. Des images de l’incident circulent largement sur les réseaux sociaux. La PNH, pourtant censée rassurer, n’a fourni aucune explication à ce jour.
Silence troublant de Samuel et réaction tardive du gouvernement
Alors que l’indignation monte, l’absence de réaction de Samuel, figure de proue des mobilisations populaires et proche des brigadiers tués, suscite de nombreuses interrogations. Pourquoi ce silence, alors que ses “bras droits” ont été exécutés ? Est-il dépassé par les événements ? Ou pire, complice par omission ?
Dans un contexte tendu, le Conseil présidentiel de transition (CPT), déjà critiqué pour son indifférence, a publié une brève note à 10h40, présentant ses condoléances aux familles endeuillées par ce drame sanglant, tout en renouvelant son engagement à combattre l’insécurité. Une posture perçue comme déplacée par de nombreux citoyens, face à l’urgence du drame de Pacot et de Kenscoff.
La stratégie actuelle est-elle un échec ?
Après des mois d’opérations policières sans résultats tangibles, faut-il revoir complètement notre approche face aux gangs ? Peut-on continuer à compter sur des brigades civiles mal équipées pour faire face à des groupes armés et structurés ? Pourquoi la coopération internationale reste-t-elle aussi floue ? Et surtout, jusqu’à quand la population devra-t-elle survivre seule, dans un pays où l’État semble absent ?