AYITI AN AVAN

La centrale hydroélectrique de Péligre, située à environ 100 kilomètres au nord de Port-au-Prince, représente une source d’énergie vitale pour Haïti. Elle a été mise en service dans les années 1950 et, pendant des décennies, a joué un rôle crucial dans l’alimentation électrique du pays. Cependant, cette centrale, qui alimente non seulement la capitale, mais aussi de nombreuses autres zones, fait face à des défis dus à la négligence, un manque d’investissements et des conflits politiques. Des coupures de courant prolongées, comme celles que le pays endure actuellement, soulèvent des questions cruciales sur la nécessité et le coût de la réouverture de cette centrale.

central Peligre

Historique et Importance de la Centrale

La centrale de Péligre a été chargée de fournir une majorité de l’électricité à Haïti, avec une capacité installée de 32 MW. Située sur la rivière Artibonite, elle a longtemps été la fierté énergétique du pays. Toutefois, les conflits internes et l’absence de maintenance adéquate ont conduit à des périodes de fonctionnement intermittent, mettant en lumière le besoin pressant d’une réhabilitation.

État actuel de la Centrale

Depuis deux semaines, Port-au-Prince et les zones environnantes vivent dans l’obscurité, exacerbant les difficultés économiques et la frustration des citoyens. Ce blackout est dû à des pannes de la centrale, combiné aux défis d’un réseau électrique déjà fragile. Les coupures d’électricité fréquentes nuisent non seulement à la vie quotidienne des Haïtiens mais affectent également l’économie, en particulier pour les secteurs qui dépendent d’une alimentation électrique continue, comme les affaires, la santé et l’éducation.

Coût de la Réhabilitation

La question du coût pour rouvrir la centrale de Péligre ne relève pas simplement d’un exercice financier. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte :

Maintenance et Réparation : Des inspections ont révélé que des travaux de maintenance urgents sont nécessaires. Cela inclut la réparation des turbines, la vérification des systèmes électriques et hydrauliques, ainsi que la restauration de l’infrastructure environnante.

Investissement en Infrastructure : Au-delà de la simple réhabilitation, il est nécessaire d’investir dans l’infrastructure pour améliorer l’efficacité énergétique et réduire les pertes potentielles dans le réseau.

Coût Ouvrier : Le coût de la main-d’œuvre pour la réalisation des travaux devra également être pris en compte. Les entreprises locales et les travailleurs doivent être formés et intégrés dans le processus de réhabilitation pour promouvoir l’économie locale.

Financement : La question de savoir comment financer la réouverture de la centrale est cruciale. Cela pourrait venir d’investissements étrangers, d’agences de développement international, ou par le biais de garanties gouvernementales.

Impact environnemental et social : Il est indispensable de considérer l’impact environnemental de la centrale, et il pourrait être nécessaire de mettre en œuvre des programmes de compensation pour les communautés locales affectées par son fonctionnement.

Défis Politiques et Sociaux

Le processus pour rouvrir la centrale de Péligre ne se heurte pas qu’à des défis techniques et financiers, mais aussi à des réalités politiques. La gouvernance en Haïti a été marquée par l’instabilité et la corruption, ce qui rend difficile la mise en œuvre d’un projet d’une telle envergure. Mobiliser le soutien politique et social est essentiel pour non seulement rouvrir la centrale, mais également pour garantir qu’elle fonctionne efficacement à long terme.

Alternatives et Solutions Durables

Alors que la réouverture de la centrale de Péligre est d’une urgence certaine, il est également utile de considérer des alternatives et des solutions énergétiques durables. Haïti possède un potentiel solaire et éolien conséquent qui pourrait être exploité pour diversifier le mix énergétique du pays et réduire sa dépendance à l’énergie hydraulique. Les investissements dans des systèmes d’énergie renouvelable pourraient renforcer la résilience énergétique du pays et offrir une alimentation plus stable et durable à long terme. En parallèle, la création de micro-réseaux dans les zones rurales pourrait aider à améliorer l’accès à l’électricité pour des communautés souvent négligées. L’intégration de ces solutions renouvelables, tout en réhabilitant la centrale de Péligre, pourrait représenter un véritable tournant pour l’avenir énergétique d’Haïti. En fin de compte, le choix de rouvrir la centrale de Péligre, à quel prix, devient donc une question d’urgence nationale qui nécessite une approche holistique et collégiale, intégrant des voix de la société civile, du secteur privé et du gouvernement, pour garantir un avenir énergétique stable et prospère pour tous.

La réouverture de la centrale hydroélectrique de Péligre doit-elle être le seul axe stratégique pour résoudre la crise énergétique en Haïti, ou serait-il plus judicieux d’investir simultanément dans des sources d’énergie renouvelable et des infrastructures décentralisées pour assurer une alimentation électrique durable et résiliente?