Ce vendredi 17 octobre 2025, Haïti rend hommage à Jean-Jacques Dessalines, héros de la liberté et père fondateur de l’indépendance nationale, à l’occasion du 219e anniversaire de son assassinat. Né esclave en 1758 à la Grande-Rivière-du-Nord, Dessalines grandit dans la colonie française de Saint-Domingue. Très tôt, il s’engage dans la lutte pour la liberté, participant au soulèvement de 1791. Dès lors, il s’illustre comme un stratège militaire de premier plan aux côtés de Toussaint Louverture.

De la lutte pour l’indépendance à l’Empire
Après l’abolition de l’esclavage en 1794, Dessalines devient officier français, mais la répression et le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe le poussent à relancer la lutte pour l’indépendance. À la tête de l’armée indigène, il remporte la victoire décisive de Vertières en novembre 1803. Le 1er janvier 1804, il proclame l’indépendance de la colonie, et lui redonne son nom originel, Ayiti. Couronné empereur en octobre 1804, il promulgue une constitution en 1805 qui établit son autorité, et consacre l’unité nationale sous la dénomination collective de « Noirs ». Ce qui inclut les naturalisés Allemands et Polonais.
Une gouvernance autoritaire mais stratégique
Dessalines met en place une diplomatie pragmatique, négociant avec la Grande-Bretagne et les États-Unis, tout en maintenant le système de plantation pour financer l’État et sa défense. Son pouvoir centralisé et autoritaire garantit la stabilité du pays naissant, mais conduit aussi à son isolement politique. Il est assassiné le 17 octobre 1806 à Pont-Rouge, ouvrant une période de division entre le royaume du Nord, et la république du Sud.
Hommage officiel et message du Président du CPT
Une cérémonie d’hommage a été organisée sous la présidence de Laurent Saint-Cyr, Président du Conseil Présidentiel de Transition, en présence du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, des membres du gouvernement, du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, du Commandant en Chef de l’armée, du Directeur général de la Police et d’autres autorités.
Dans son allocution, le Président Saint-Cyr a salué le courage et la détermination de Dessalines, rappelant que les menaces actuelles exigent courage, unité et détermination pour préserver l’héritage national.

Sécurité et perspectives électorales
« Je rends hommage aux policiers et aux soldats tombés en service, » a déclaré @Lsaintcyr. « La sécurité reste une condition essentielle pour organiser des élections libres, inclusives et crédibles. J’invite tous les acteurs politiques et institutionnels à coopérer pleinement, et j’encourage le Conseil électoral provisoire à publier rapidement un calendrier clair. Il est temps d’agir avec responsabilité et unité nationale, dans l’esprit de Dessalines. »
Dessalines, symbole éternel de liberté
Chef militaire victorieux contre Napoléon, leader de l’une des premières guerres de décolonisation et père de l’indépendance d’Haïti, Jean-Jacques Dessalines demeure une figure majeure de l’histoire mondiale. Il incarne le courage, la liberté et l’émancipation, tout en rappelant les défis toujours présents de la construction d’un État souverain.— @USEmbassyHaiti
219 ans après l’assassinat de Dessalines : une souveraineté en péril
Deux siècles après la mort de l’Empereur, la nation haïtienne semble avoir perdu l’essence de son indépendance et de sa souveraineté. Le pays vit sous la pression constante des grandes puissances étrangères, qui influencent ses décisions politiques et étouffent son développement économique. Ce déséquilibre rappelle, selon de nombreux observateurs, le prix payé pour avoir osé briser les chaînes de l’esclavage et proclamer la liberté d’un peuple noir.
219 ans de désillusion, de pauvreté et de désespérance ont laissé une société divisée et affaiblie. Le pays s’effondre, la jeunesse s’exile, et la corruption continue d’éroder les institutions.
Dans un rapport accablant publié le vendredi 25 avril 2025, le RNDDH dirigé par Pierre Espérance révèle que les neuf membres du Conseil de Transition du Pouvoir (CPT) coûtent près de 90 millions de gourdes par mois, tandis que la situation sécuritaire du pays se détériore gravement : 85 % de la capitale sous l’emprise des gangs, 13 massacres, 4 405 personnes assassinées, 3 792 victimes de violences sexuelles, 31 policiers et 8 soldats des FAD’H tués, 2 agents de la MSS assassinés, 6 médias incendiés, 32 territoires contrôlés par les gangs, 102 institutions publiques abandonnées ou déplacées, 13 hôpitaux dysfonctionnels, 4 624 prisonniers évadés lors de 2 évasions massives, et 89 sites d’accueil pour 89 000 personnes déplacées, dressant le portrait d’un État incapable de maintenir l’ordre, où la population est livrée aux violences et à l’insécurité.
Pendant que la mémoire de 1804 s’efface, les cérémonies officielles se succèdent sans qu’un véritable sursaut national ne s’opère.
Cette journée ne devrait pas se résumer à des discours et des symboles. Elle devrait être un moment de réflexion, de lucidité et de réveil collectif. L’héritage de Dessalines n’appelle pas à la commémoration passive, mais à la reconquête morale, civique et patriotique d’un idéal trahi.
Le véritable hommage à Jean-Jacques Dessalines ne se trouve ni dans les fleurs ni dans les drapeaux, mais dans la capacité du peuple haïtien à relever la tête, à défendre sa dignité et à restaurer la liberté qu’il a chèrement conquise.

