C’est désormais une réalité. Suite à la nouvelle série de ses embrouilles avec Donald Trump, l’homme le plus riche du monde a procédé à un sondage sur son réseau social X pour déterminer s’il devait ou non créer un nouveau parti. Selon ce vote qui s’est fait le vendredi 4 juillet, le jour de la fête de l’indépendance américaine, 65 % des votants ont voté par l’affirmative sur les 1 248 856 votants. La création de l’America party a été annoncée dès le lendemain.

Quelles sont les aspirations de ce nouveau parti ?
“Dans une proportion de 2 contre 1, vous voulez un nouveau parti politique et vous l’aurez ! Quand il s’agit de ruiner notre pays par le gaspillage et la corruption, nous vivons dans un système à parti unique, pas dans une démocratie. Aujourd’hui, le Parti américain est formé pour vous rendre votre liberté”. Si on se fie à ces propos, et à l’image de son fondateur, libertarien et anti-woke, ce parti sera celui de la liberté individuelle. Il sera le juste milieu dans un système bipartite, entre les républicains et les démocrates.
C’est un parti qui prône également la réduction des dépenses budgétaires, et qui veut diminuer le degré d’intervention de l’Etat. Il est même né de ce constat, après que le Congrès ait voté l’approbation du “big beautiful bill”, un projet qui, selon Elon Musk, va aggraver le déficit fédéral. Les grands principes de ce parti pourraient être le libre-échange, la réduction des dépenses fédérales, la mise en valeur de l’immigration hautement qualifiée, et la réduction des droits de douane.
Quel poids politique pourrait avoir ce parti ?
Conscient que malgré ses milliards, son influence au Congrès reste insignifiante, ce parti a un objectif plus à l’intérieur de celui-ci que de viser le siège présidentiel. N’étant pas né sur le sol américain, il ne pourra pas être président. Par ailleurs, s’il se lance dans les élections de mi-mandat en 2026, et qu’il obtient 2 ou 3 sièges au Sénat, et 8 à 10 à la Chambre des représentants peut avoir un impact significatif. C’est son objectif jusque-là.
La répartition actuelle du Congrès lui est favorable. Avec la marge très mince des élus républicains, Elon Musk pourra s’opposer à de nombreux projets de lois, et faire pencher la balance. Il peut viser les républicains qui étaient réticents au projet de loi, à l’instar de la sénatrice républicaine de l’Alaska Lisa Murkowski, et fragiliser les républicains.
Qu’en est-il de sa reconnaissance juridique ?
Créer un parti politique aux Etats-Unis est légalement possible, mais c’est un chemin compliqué. Le principe du système électoral majoritaire uninominal (first past the post) fait gagner un candidat dès qu’il obtient plus de voix. Sans forcément avoir la majorité. Et la structure des lois favorise le bipartisme des démocrates et des républicains. Ajouté à cela, il faut obtenir des milliers de signatures dans chaque État, et assurer une présence sur l’étendue du territoire.
Chaque Etat a ses lois en ce qui concerne la reconnaissance officielle d’un parti. Outre des milliers de signatures devant être recueillies, il faut payer des sommes considérables, et respecter les délais fixés. Ce qui souvent décourage les partis tiers. A titre d’exemple, en Californie, la reconnaissance officielle d’un parti exige le recueillement de 10% des voix de la dernière élection du gouverneur. Cela doit se faire 135 jours avant la date des élections. C’est un processus qui demande des ressources en temps, en argent et une popularité plus importante.
Bonne ou mauvaise nouvelle pour les sociétés d’Elon Musk…
On ne peut, avec certitude, dire quel sera le plan politique de ce parti. Ni s’il verra réellement le jour. Sa reconnaissance officielle reste à confirmer. Mais le fait d’entamer ce processus laisse entendre que le patron de Tesla va se consacrer d’une certaine manière, et qui n’est pas des moindres, à la politique. Qu’en sera t-il de ses sociétés? Ou pire, qu’en sera t-il si après des mois de consécration à ce projet, les résultats attendus n’aboutissent pas?