
“Le silence criminel du gouvernement haïtien face à ce drame”
République dominicaine, mardi 22 avril 2025 – Suite à l’annonce publiée le dimanche 6 avril 2025 par le président Luis Abinader concernant les 15 mesures migratoires strictes prises au nom de la sécurité nationale, la République dominicaine applique depuis ce lundi 21 avril un nouveau protocole dans les hôpitaux publics. Désormais, tout patient étranger doit présenter une pièce d’identité valide, une preuve de résidence légale, un certificat d’emploi et la capacité de couvrir les frais médicaux. À défaut, il peut être soigné en cas d’urgence, mais sera immédiatement remis aux agents d’immigration une fois stabilisé.
Depuis ce lundi 21 avril 2025, la République dominicaine a franchi un nouveau seuil dans la répression des migrants haïtiens, en lançant une opération de contrôle sans précédent dans les hôpitaux publics. À l’Hôpital San Lorenzo de Los Mina, agents d’immigration et militaires sont désormais postés pour vérifier l’identité de chaque étranger, y compris ceux venus pour accoucher ou recevoir des soins vitaux. Les sans-papiers sont directement embarqués, parfois même en pleine douleur.
Des femmes enceintes ciblées, expulsées, humiliées
Selon Listín Diario, les femmes enceintes haïtiennes sont devenues des cibles privilégiées. L’une d’elles, sur le point d’accoucher, a été arrêtée et expulsée. Sa sœur affirme qu’elle avait tous ses papiers. Ce n’est qu’après des protestations qu’elle a été ramenée à l’hôpital. Faut-il désormais une insurrection diplomatique pour que la dignité d’une femme enceinte soit respectée ?
Une psychose installée dans les communautés haïtiennes
« C’est la panique totale. Les Haïtiens n’osent plus sortir. Ils ne vont plus travailler, ni à l’école », témoigne Wendy Osirus, président du Mouvman pou dwa moun, lapè avèk lajistis global. Face à la peur d’être arrêtés à tout moment, beaucoup préfèrent se cacher. Le consulat général à Santiago et la Fondation Zile organisent déjà des retours volontaires. Une fuite massive d’Haïtiens, sous pression et dans la peur.
Des organisations dénoncent ce drame
Des groupes comme Action Afro-Dominicaine, Mama Tingó et Force de la Révolution dénoncent une politique « répressive et raciste ». Ils pointent la militarisation des quartiers haïtiens, les expulsions massives et les assassinats non élucidés de plusieurs migrants à Friusa et Mata Mosquitos.
Arrestations violentes, rafles nocturnes, disparitions inquiétantes
Le Nouvelliste rapporte des rafles brutales menées de nuit, des portes défoncées, des personnes embarquées de force, et l’usage abusif de balles en caoutchouc. Des blessés graves ont été recensés. D’autres, portés disparus depuis plusieurs jours, laissent leurs familles dans une angoisse insupportable.
Silence criminel du gouvernement haïtien
Et Port-au-Prince ? Silence total. Aucun mot du gouvernement. Aucun cri d’alarme du Conseil présidentiel de transition. Le ministre des Affaires étrangères ? Porté disparu. Pourtant, ce même gouvernement a trouvé le temps d’envoyer des messages de condoléances au pape et aux victimes du drame Jet Set. Il a même exprimé ses sympathies au gouvernement dominicain, le même qui aujourd’hui humilie les femmes haïtiennes, traque ses enfants et fait pleurer les mères. Jusqu’à quand les autorités haïtiennes vont-elles faire semblant de ne pas voir ce qui se passe ? Que vaut une transition qui ne protège pas son peuple ? Où sont les moyens diplomatiques ? Où est la souveraineté ? Où est la dignité ?