AYITI AN AVAN

Le président Luis Abinader, le 11 juillet lors d’un événement au Palais national. (Photo: Listin Diario)

République dominicaine, lundi 7 avril 2025 – Face à l’intensification de l’insécurité et du chaos en Haïti, le président dominicain Luis Abinader a annoncé, ce dimanche 6 avril, une série de 15 mesures strictes pour renforcer le contrôle migratoire. Ces décisions font suite à la récente demande de dialogue lancée par le président du Conseil présidentiel de transition, Alphonse Jean. Pour Abinader, il s’agit de protéger la République dominicaine contre ce qu’il qualifie de « menace grandissante » venant d’Haïti.

Des crises haïtiennes aux conséquences régionales

Dans son discours à la nation, Abinader a dressé un tableau alarmant de la situation en Haïti, décrivant un pays en effondrement total. Selon lui, cette situation a un impact direct et préoccupant sur la République dominicaine.

« Haïti traverse l’heure la plus sombre de son histoire », a-t-il déclaré, en énumérant les différentes crises qui frappent le pays voisin :

  • Une crise sécuritaire, dominée par les gangs armés qui contrôlent une grande partie du territoire haïtien ;
  • Une crise environnementale, marquée par une déforestation accélérée et une pénurie d’eau ;
  • Une crise économique, liée à l’effondrement des infrastructures productives ;
  • Une crise politique, due à l’absence d’institutions démocratiques et d’un leadership stable ;
  • Et, selon ses mots, la plus préoccupante : la crise de l’abandon, provoquée par l’inaction de la communauté internationale, qu’il accuse d’avoir « abandonné Haïti à son propre sort ».

« Aucune de ces crises n’est de notre fait, mais elles ont toutes des conséquences qui nous affectent directement », a martelé Abinader, justifiant ainsi la mise en œuvre d’un plan de réponse ferme et coordonné.

Un arsenal de mesures sécuritaires et législatives

Voici les 15 mesures annoncées par le président dominicain pour sécuriser la frontière et contenir la migration irrégulière haïtienne :

  1. Réorganisation militaire : les trois brigades frontalières seront restructurées en six zones dirigées par des officiers supérieurs.
  2. Renforts militaires : 1 500 soldats supplémentaires viendront s’ajouter aux 9 500 déjà déployés.
  3. Construction du mur frontalier : 13 km de mur viendront compléter les 54 km déjà construits.
  4. Réforme légale : un nouveau projet de loi sur l’immigration introduira des sanctions contre les citoyens dominicains complices.
  5. Recrutement massif : 750 agents intégreront la Direction générale de l’immigration.
  6. Contrôle décentralisé : des bureaux d’immigration seront installés dans toutes les provinces.
  7. Régulation du commerce frontalier : l’objectif est d’empêcher les infiltrations sans nuire à l’économie locale.
  8. Parquet spécialisé : création d’un parquet dédié aux questions migratoires.
  9. Mobilisation des mairies : implication des autorités municipales dans les rapatriements.
  10. Observatoire citoyen : pour assurer un suivi de la politique migratoire.
  11. Nouvelles conditions d’accès aux soins : à partir du 21 avril, tout patient devra présenter une pièce d’identité, un test de résidence et une preuve d’emploi ; à défaut, il sera soigné puis immédiatement rapatrié.
  12. Révision du cadre légal migratoire, confiée au Dr Milton Ray Guevara.
  13. Promotion de l’emploi local : augmentation de 25 % des salaires dans les zones franches et de 30 % dans le secteur touristique.
  14. Accès au travail pour les bénéficiaires du programme Supérate dans les secteurs de l’agriculture et de la construction.
  15. Soutien aux producteurs nationaux : renforcement du fonds de la Banque Bandex pour encourager la production locale.

Par cette stratégie offensive, Abinader adresse un message clair : la République dominicaine n’entend plus subir les effets de la crise haïtienne sans réagir. Cependant, cette réponse soulève plusieurs questions essentielles : Que répondra le président du CPT Alphonse Jean à cette série de mesures ? L’appel au dialogue lancé par Haïti a-t-il été entendu ou ignoré ? Le gouvernement haïtien envisage-t-il une stratégie pour contrôler ses frontières, réduire les flux migratoires ou coopérer avec la République dominicaine ?