AYITI AN AVAN

Le 1er juillet 2025, le Premier ministre haïtien, Alix Didier Fils-Aimé, s’est rendu au siège du Conseil Électoral Provisoire (CEP) pour une visite de travail. Il était accompagné du ministre délégué aux questions électorales et constitutionnelles, Joseph André Gracien Jean. Cette rencontre avait pour objectif de faire le point sur l’avancée des préparatifs des prochaines élections générales et du référendum constitutionnel.

Le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, le président du CEP, Patrick Saint-Hilaire, ainsi que les autres conseillers électoraux ont échangé sur les avancées du processus électoral. (Photo publiée par @PrimatureHT)
Le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, le président du CEP, Patrick Saint-Hilaire, ainsi que les autres conseillers électoraux ont échangé sur les avancées du processus électoral. (Photo publiée par @PrimatureHT)

Finalisation des textes et organisation des structures

Les échanges ont notamment porté sur la finalisation du décret référendaire et sur la publication attendue du calendrier électoral. Le Premier ministre et son équipe ont également évoqué l’installation prochaine des Bureaux Électoraux Départementaux (BED) et des Bureaux Référendaires Départementaux (BRD), maillons essentiels pour l’organisation des scrutins à venir.

Présentation des équipements disponibles

Le CEP a présenté au chef du gouvernement les équipements déjà disponibles pour ces opérations : plus de 15 000 tablettes électroniques, du matériel électoral déjà réparti par département, ainsi qu’un stock stratégique constitué depuis 2021. Si ces moyens techniques témoignent d’une certaine préparation, ils ne suffisent pas à lever les inquiétudes majeures sur le climat dans lequel devront se dérouler ces scrutins.

La sécurité, condition indispensable

Le Premier ministre a d’ailleurs insisté sur ce point : la réussite du processus électoral dépendra avant tout du rétablissement de la sécurité. Or, la situation demeure critique, avec environ 85 % du département de l’Ouest et plusieurs zones de l’Artibonite et du Centre encore sous le contrôle de groupes armés, selon différentes sources.

Un processus électoral sans calendrier précis

Malgré ces défis, les autorités assurent vouloir maintenir le cap vers un retour à l’ordre constitutionnel et la tenue de scrutins libres, crédibles et inclusifs. Pourtant, huit mois avant l’échéance du 7 février 2026, aucun calendrier précis n’a encore été annoncé. Le texte final de la nouvelle Constitution n’a pas été transmis à l’exécutif, ce qui bloque la convocation du peuple à un référendum.

Un ministre qui veut rassurer

Joseph André Gracien Jean se veut néanmoins optimiste. Selon lui, « jusqu’ici, nous sommes dans les délais ». Il affirme que les grandes lignes du processus sont prêtes : un avant-projet de Constitution et un projet de décret référendaire existent déjà. Il précise que la finalisation du texte constitutionnel et de l’arrêté référendaire sont les étapes-clés avant toute annonce officielle de date.

Le ministre évoque également la nécessité d’adapter les modalités de vote pour les quelque 1,3 million de déplacés internes. Il promet des mesures spécifiques pour permettre leur inscription sur place, sans entrer dans les détails pratiques.

L’insécurité comme principal obstacle

Si le ministre délégué appelle à un « narratif d’espoir et d’optimisme », il ne cache pas que la question sécuritaire reste un verrou majeur. « Je ne crois pas que nous allons passer une année sans organiser le référendum. C’est l’affaire d’une journée », a-t-il lancé, tout en reconnaissant que le rétablissement de la sécurité dépasse ses attributions.

Des promesses suspendues aux aléas du contexte

Alors que le temps presse, l’incapacité des autorités à établir un calendrier clair alimente le scepticisme sur la tenue du référendum et des élections d’ici février 2026. Entre défis logistiques, crise sécuritaire et incertitudes politiques, le retour annoncé à l’ordre constitutionnel apparaît plus que jamais comme un pari semé d’embûches.