Le Conseil de Sécurité de l’ONU a tenu séance ce jeudi 2 juillet à New York, en animant les 9952 ème et 9953 ème séances. Ces réunions ont respectivement abordé les sujets concernant l’élection d’un nouveau juge à la Cour Internationale de Justice (CIJ), et la situation actuelle qui sévit en Haïti.

CIJ: la date de l’élection d’un nouveau juge est fixé
Après la démission du juge Somalien Abdulqawi Ahmed Yusuf, dont le mandat devait prendre fin le 5 février 2027, un siège sera vacant à partir du 30 Septembre 2025 la CIJ, date à laquelle la démission sera effective.
Selon les dispositions de l’article 14 du Statut de la CIJ, il revient au Conseil de Sécurité de faire l’identification formelle de la vacance du siège, et d’organiser la tenue des élections. Et conformément selon l’ordre du jour de la 9952 ème réunion, le président de la séance a procédé à cette identification, et a tenu un vote à bulletin secret pour déterminer une date pour l’élection.
Ainsi, selon la Résolution 2784 (2025), la tenue de cette élection aura lieu le 12 Novembre 2025, à la quatre-vingtième session du Conseil. Elle sera tenue par le Conseil et l’Assemblée Générale, et le mandat du juge ou de la juge nouvellement élu(e) débutera dès son élection par les deux organes.
Haïti: Le Conseil de Sécurité appelle à la création d’un bureau d’appui à la MMAS
Craignant que la situation sécuritaire d’Haïti se perdure, et que ses habitants continuent d’être au bord de l’abîme, le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, M. Miroslav Jenča, a alerté le Conseil sous la question. Son intervention s’aligne sur celle de Mme Maria Isabel Salvador, dont le mandat à la tête du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a pris fin cette semaine.
Joignant sa voix à celle du Sous-Secrétaire, la Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Mme Ghada Fathy Wali, a souligné l’urgence de renforcer le mandat du BINUH, et des leviers d’opérationnalisation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS).
La MMAS, une Mission en difficulté financière
Selon le représentant kényan, M. Martin Kimani, la Mission est en sous-financement. Le fonds spécial devant s’assurer des ressources financières, matérielles et humaines pour la réalisation de la Mission accuse d’un déficit de 52 millions de dollars. Ce qui fait que celle-ci connaît moins de succès quant à la réalisation de son objectif, ne travaillant qu’à 70% de ses capacités. Par ailleurs, il a salué l’objectif du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’ajouter une action politique aux buts sécuritaires de la Mission pour plus d’efficacité.
Alerte aux déplacements massifs de la population à cause des violences meurtrières
Mme Ghada Fathy Wali, et M. Miroslav Jenča ont également fait constater qu’entre mars et juin, les gangs haïtiens avaient étendu leurs emprises aux régions du Nord et du Centre, outre les périphéries de la capitale. Ils ont mentionné que leurs services ont fait l’enregistrement de 4 000 homicides, et que cette situation provoquerait toujours le déplacement massif de la population.
Le représentant du Panama, M. Eloy Alfaro de Alba, a également attiré l’attention sur les lynchages, les exécutions extrajudiciaires et les actions menées par des entreprises militaires privées.
Les réactions de quelques pays dont la France, la République Dominicaine…
Des pays comme la France, le Royaume-Unie et les A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana), ont souhaité par la voix de la Guyane, une implication plus conséquente, et une meilleure coordination des Nations-Unies pour le rétablissement de la sécurité en Haïti. Ils considèrent qu’en ajoutant de nouvelles sanctions sur les gangs, soit un embargo strict sur les armes, et un soutien manifeste aux forces de l’ordre haïtienne. La France a ajouté que cela permettrait la mise en place des mécanismes de démobilisation des gangs, et renforcerait le système judiciaire et pénitentiaire haitien.
Le Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, M. Roberto Teodoro Alvarez Gil a, quant à lui, mis l’accent sur la pression migratoire qui sévit son pays. Il a ainsi appelé à une action du Conseil de sécurité pour éviter les répercussions régionales dues à la violence, la mainmise des gangs sur les ports, et la fuite des haïtiens à l’extérieur de leur frontière. Pour la Russie et la Chine, la BINUH aura également une part de responsabilité.
La Communauté des Caraïbes (CARICOM), par l’entremise de la Barbade, a salué les travaux du Groupe de personnalités éminentes (GPE) de la dite Communauté. Le représentant confirme le caractère multidimensionnel des défis liés à la sécurité et à la politique. Il a également souligné qu’au vue de la montée d’un pouvoir parallèle et de la dégradation de la situation humanitaire, le processus de transition politique n’aura pas de progrès.
Par ailleurs, le délégué haïtien a reconnu quant à lui, que les solutions revenaient aux dirigeants de son pays, qui seront eux assistés de la communauté internationale.
Enfin, le Sous-secrétaire général a jugé que c’était le moment d’agir. Et que la communauté internationale doit profiter de ses options, et agir pour éviter que l’Etat ne s’effondre totalement en Haïti.