Port-au-Prince, ce jeudi 9 octobre 2025 — Suite à la réouverture de la Cour de cassation, abandonnée depuis plusieurs temps en raison de la violence des gangs dans le centre-ville, une cérémonie au Palais National a réuni le Conseil des ministres, présidé par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, marquant une étape importante dans la reprise progressive du contrôle de l’État sur le cœur historique du pouvoir républicain à Port-au-Prince.

Avant la réunion, le Premier ministre et les membres du CPT ont participé à la cérémonie de levée du drapeau haïtien, un geste marquant la volonté du gouvernement de réaffirmer la présence de l’État et de restaurer les institutions publiques au centre de la capitale.
Le chef du gouvernement a réitéré l’engagement de l’État à rétablir la sécurité, renforcer l’autorité publique et organiser prochainement des élections libres et inclusives, afin de remettre le pays sur la voie de la stabilité et du développement.
« L’État haïtien se redresse pas à pas, avec calme, courage et détermination », a déclaré le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, saluant la résilience du peuple haïtien et le travail conjoint des institutions nationales pour le retour durable de la paix et de la confiance.
Adoption du budget national 2025-2026
Lors de cette même séance, le Conseil des ministres a adopté le projet de budget 2025-2026, estimé à environ 345 milliards de gourdes. Ce budget prévoit une croissance du PIB de 0,3 % et une inflation de 23,4 % en fin d’exercice. Environ 70 % des dépenses seront couvertes par les recettes fiscales et douanières, marquant une volonté de renforcer l’autonomie financière du pays.
Les recettes courantes sont estimées à 243,5 milliards de gourdes, soit une hausse de près de 12 %, tirée par la Direction générale des impôts (+11 %) et l’Administration générale des douanes (+11,1 %). Les recettes pétrolières, évaluées à 34,9 milliards de gourdes, devraient croître de 16,8 %, tandis que les dons et emprunts extérieurs enregistreraient une baisse de 10,9 %, traduisant une volonté de réduire la dépendance envers les financements internationaux.
Répartition des dépenses publiques
Les dépenses totales sont prévues à 345,5 milliards de gourdes, dont 213,5 milliards pour les dépenses courantes (+15,6 %) et 131,9 milliards pour les investissements (-4,9 %). La masse salariale, estimée à 112 milliards de gourdes, demeure importante, notamment en raison de l’intégration de 2 500 soldats et de quatre promotions de policiers.
Priorités : sécurité, éducation et élections
Une enveloppe additionnelle d’environ 15 milliards de gourdes est allouée à trois priorités majeures :
Sécurité : 2,5 milliards pour la Police nationale et 1,4 milliard pour les Forces armées d’Haïti, destinés à la rémunération, à l’achat d’équipements et à la construction de commissariats et de casernes.
Éducation : 8,1 milliards pour le ministère de l’Éducation nationale, avec un budget global du secteur atteignant 59,1 milliards de gourdes, incluant la construction et la réhabilitation d’écoles, le financement des cantines scolaires, et un appui de 4 milliards du Fonds national de l’éducation.
Élections : 2,83 milliards pour le Conseil électoral provisoire, afin de préparer les prochains scrutins.
Financement des élections
Le budget consacre également 9,9 milliards de gourdes aux activités électorales, dont 3 milliards d’appui aux partis politiques. Selon le document de présentation du budget, le Basket Fund électoral dispose déjà de plus de 65 millions de dollars américains, alimentés par le Trésor public, pour soutenir l’organisation des élections à venir.
Vers une stabilité institutionnelle et budgétaire
À travers ce budget et les mesures de sécurité entreprises, le gouvernement entend poser les bases d’un retour progressif à la stabilité institutionnelle, tout en misant sur des ressources internes pour financer ses priorités. Cette orientation marque un effort de réaffirmation de la souveraineté économique et de renforcement de la gouvernance publique, dans un contexte où la restauration de la sécurité demeure un préalable essentiel à toute relance nationale.

