María Corina Machado, cheffe de l’opposition vénézuélienne, a reçu le Prix Nobel de la Paix 2025 pour son rôle déterminant dans la promotion d’une transition pacifique vers la démocratie. Le comité Nobel a souligné qu’elle remplit pleinement les trois critères énoncés dans le testament d’Alfred Nobel : elle a rassemblé l’opposition de son pays, résisté à la militarisation de la société vénézuélienne et soutenu sans relâche une transition pacifique vers la démocratie.

Selon Jørgen Watne Frydnes, président du comité Nobel norvégien :
« María Corina Machado est l’un des exemples les plus remarquables de courage civique en Amérique latine ces dernières années. »
Une opposition unifiée autour de la démocratie
Le comité Nobel a salué la capacité de Mme Machado à rassembler une opposition autrefois fragmentée, capable de revendiquer des élections libres et un gouvernement représentatif.
« Elle a été une figure clé de l’unité politique à un moment où le Venezuela est passé d’un pays relativement démocratique et prospère à un État autoritaire en proie à une grave crise humanitaire et économique », a ajouté Frydnes.
Cette capacité à fédérer les forces politiques a permis à l’opposition de retrouver une voix commune dans la lutte pour la démocratie, malgré les pressions du régime en place.
Une popularité croissante et un engagement constant
La notoriété de María Corina Machado a véritablement explosé lors des primaires de l’opposition en octobre 2023, où elle a remporté plus de 90 % des voix parmi trois millions de votants. Son charisme et son engagement lui ont valu le surnom de « Libertadora » en hommage à Simón Bolívar.
« Malgré les graves menaces qui pèsent sur sa vie, elle est restée dans son pays, un choix courageux qui a inspiré des millions de Vénézuéliens », a rappelé le comité Nobel.
Pendant l’année écoulée, Mme Machado a été contrainte de vivre dans la clandestinité, mais elle a continué à défendre la liberté et la démocratie, montrant un engagement inébranlable envers son pays.
Une victoire pour la démocratie mondiale
Le comité Nobel a également rappelé que le prix de Mme Machado ne récompense pas seulement son action au Venezuela, mais souligne aussi le recul de la démocratie à l’échelle internationale :
« La démocratie – le droit de s’exprimer librement, de voter et d’être représenté – est le fondement de la paix, tant à l’intérieur des pays qu’entre eux. »
Machado, ingénieure et diplômée en finance, a mené une brève carrière dans les affaires avant de consacrer sa vie à l’activisme civique.
Un parcours de lutte pour les droits civiques
En 1992, elle fonde la Fondation Atenea pour soutenir les enfants des rues de Caracas. Dix ans plus tard, elle participe à la création de Súmate, un organisme de promotion d’élections libres et équitables. Élevée à l’Assemblée nationale en 2010 avec un record de votes, elle est destituée en 2014 par le régime.
« Mme Machado a toujours soutenu une transition pacifique vers la démocratie et a résisté à la militarisation de la société vénézuélienne », a souligné le comité Nobel.
Depuis 2017, elle dirige Vente Venezuela et cofonde l’alliance Soy Venezuela, rassemblant les forces pro-démocratie au-delà des clivages politiques.
Une réaction enthousiaste et des remerciements
Dans une déclaration publiée sur X, María Corina Machado a dédié son prix au peuple vénézuélien et au président Donald Trump, qu’elle a remercié pour son soutien :
« Cette reconnaissance de la lutte de tous les Vénézuéliens nous encourage à mener à bien notre mission : conquérir la liberté. Aujourd’hui plus que jamais, nous comptons sur le président Trump, le peuple des États-Unis, les peuples d’Amérique latine et les nations démocratiques du monde pour défendre la démocratie. »
Trump et la controverse autour du prix
Cette année, le président américain Donald Trump espérait remporter le Nobel, mais le comité a choisi de récompenser le courage et la lutte pour la démocratie de Machado. Steven Cheung, directeur de la communication de la Maison-Blanche, a critiqué la décision :
« Le Comité Nobel a prouvé qu’il place la politique au-dessus de la paix. »
Frydnes a toutefois précisé que la campagne de Trump n’a eu aucun impact sur le choix du lauréat :
« Nous fondons notre décision uniquement sur l’œuvre et la volonté d’Alfred Nobel.
La démocratie comme condition de la paix
Le comité Nobel a rappelé que le recul de la démocratie est un phénomène mondial :
« La liberté des médias est réduite, les critiques sont emprisonnées et les sociétés sont poussées vers l’autoritarisme. Les outils de la démocratie sont aussi ceux de la paix. María Corina Machado incarne l’espoir d’un avenir où les droits fondamentaux sont protégés et où les peuples peuvent vivre librement et en paix. »
La cérémonie officielle de remise du prix aura lieu le 10 décembre à Oslo, en Norvège.

