AYITI AN AVAN

Des agents de la PNH posant pour une photo avant de se rendre sur le terrain. (Photo : Facebook/PNH)

“Des héros de la FAd’H livrés à l’abattoir de Kenscoff”

Kenscoff, Mardi 22 avril 2025 – Suite au drame du  12 avril, où des policiers ont été piégés dans un guet-apens sexuel tendu par des bandits causant la mort d’un agent Polifront, un disparu, cinq blessés, une cargaison saisie et trois véhicules incendiés, un nouvel acte sanglant a frappé les forces de l’ordre. Ce dimanche 20 avril, trois militaires des Forces armées d’Haïti (FAd’H) ont été tués et six autres blessés dans une embuscade sanglante, tendue par des individus lourdement armés à Kenscoff. Les soldats, à bord d’un véhicule non blindé, se rendaient en renfort à une unité engagée dans la lutte contre les gangs qui occupent plusieurs sections de cette commune située au sud-est de Port-au-Prince, lorsqu’ils ont été pris pour cible.

Des hommages officiels 

Dans un communiqué publié dimanche soir, le gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé a annoncé la perte de ces soldats, tombés dans l’exercice de leur devoir sacré. En première ligne, ils ont affronté le danger avec courage, détermination et honneur.

« Ils sont tombés en héros, les armes à la main, en défendant la patrie qu’ils ont juré de protéger », affirme le communiqué.

Mais au-delà des hommages officiels, une question brûle les lèvres : comment expliquer que des soldats soient envoyés en zone de guerre à bord d’un simple véhicule non blindé ? Pourquoi, en 2025, l’État haïtien expose-t-il ses militaires comme de la chair à canon, sans équipement adapté, sans appui aérien, sans stratégie cohérente ? Est-ce cela, le prix de l’engagement pour la patrie ?

« Ces soldats ne sont pas seulement des membres de nos forces armées. Ce sont des fils dignes de la Nation », poursuit le gouvernement. Mais si ces hommes sont vraiment considérés comme tels, où sont les moyens logistiques, le matériel de protection, l’intelligence opérationnelle qui auraient pu leur sauver la vie ?

Kenscoff, nouveau Champ de bataille des gangs 

La commune de Kenscoff, longtemps considérée comme un havre de paix, est désormais en état d’alerte. Des tirs nourris et d’épais nuages de fumée ont été signalés dans plusieurs quartiers ce dimanche après-midi. Selon plusieurs témoignages, la zone semble désormais ciblée par la coalition criminelle Viv Ansanm, provoquant des scènes de panique et des déplacements précipités de la population.

Le gouvernement promet, les gangs avancent, les soldats tombent 

Le gouvernement affirme qu’il « refuse de céder un seul pouce de sol à la peur ». Mais pendant ce temps, les gangs progressent, les citoyens fuient, et les militaires tombent. Combien d’autres devront mourir avant que l’État prenne réellement ses responsabilités ?

Le pays rend hommage à ses martyrs, mais la population attend plus que des mots : elle exige des actes, des résultats, et surtout, la fin de cette logique insoutenable où des soldats sont envoyés au front comme s’ils étaient sacrifiables.