
Une remise en cause du Conseil présidentiel de transition
Port-au-Prince, vendredi 4 avril 2025 – Dans une note publiée le jeudi 3 avril 2025, le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana (BSA) a demandé au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), actuellement dirigé par son représentant Fritz Alphonse Jean, de céder le pouvoir à une nouvelle gouvernance. Cette requête repose sur le constat accablant de l’échec du CPT à remplir les engagements pris dans l’Accord du 3 avril. L’initiative du BSA révèle une fracture profonde au sein des instances dirigeantes et suscite des interrogations sur l’avenir politique du pays.
Un engagement bafoué : Le non-respect de l’Accord du 3 avril
L’article 1.2 de l’Accord du 3 avril stipulait que le CPT devait assurer plusieurs missions fondamentales : restaurer la dignité nationale, rétablir la paix, garantir la sécurité et la stabilité politique, lutter contre la corruption et l’impunité, mettre fin au gaspillage des fonds publics et rendre justice aux victimes de violences. Toutefois, ces objectifs restent lettre morte. L’incapacité du CPT à concrétiser ces engagements a suscité des critiques croissantes, y compris parmi ceux qui avaient initialement soutenu sa mise en place.
Même Magalie Comeau Denis, signataire de l’accord ayant permis l’installation du CPT, s’est aujourd’hui ralliée à ceux qui exigent que cette instance remette le pouvoir.
Un bilan chaotique : insécurité, crise humanitaire et effondrement de l’État
Un an après l’installation du CPT, le pays sombre dans une situation de chaos sans précédent :
- Plus de 6 000 personnes ont été massacrées.
- Plus d’un million de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile.
- Les groupes armés ont accru leur emprise sur le territoire national.
- Le nombre de départs massifs de citoyens haïtiens vers l’étranger a explosé.
- Les violences, notamment les viols perpétrés contre les femmes et les jeunes filles, ont augmenté de manière alarmante.
Face à cet échec manifeste, la question d’une remise du pouvoir à une nouvelle gouvernance devient inévitable.
Remettre le pouvoir, mais à qui ?
Devant un bilan aussi accablant, l’appel à une nouvelle gouvernance est sur toutes les bouches. Mais une question fondamentale demeure : quelle gouvernance serait capable de sortir Haïti de cette crise profonde ?
Depuis l’assassinat de Jovenel Moïse, plusieurs gouvernements se sont succédé, sans que la situation du pays ne s’améliore. Le problème réside-t-il uniquement dans la gouvernance en place ou bien dans un système politique et institutionnel en faillite ?