AYITI AN AVAN

Un an après l’accord du 3 avril : l’échec, l’État vacille, les gangs triomphent.

Port-au-Prince, jeudi 3 avril 2025 – Un an jour pour jour après la signature de l’Accord politique censé encadrer la transition en Haïti, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, s’est adressé à la nation depuis la Villa d’Accueil. Il a réaffirmé sa détermination à éradiquer les gangs et à sécuriser le pays, tout en promettant une transition démocratique avec la passation du pouvoir à un président élu le 7 février 2026. Il a également exhorté le gouvernement à intégrer le BSAP dans cette bataille et à leur allouer un budget d’urgence.

Un accord historique devenu un échec flagrant

L’Accord du 3 avril 2024 était présenté comme une initiative visant à établir un dialogue entre les différentes factions politiques pour sortir Haïti de la crise.

Article 1.2 : La période de la transition sera consacrée à la restauration de la dignité nationale, à l’établissement de la paix et des fondements de la stabilité pour la population et à la réalisation d’élections démocratiques, libres et crédibles.

L’objectif principal était de créer un cadre politique stable et inclusif, répondant aux préoccupations des citoyens haïtiens en matière de sécurité, gouvernance et développement socio-économique. Il prévoyait également des élections libres et transparentes afin de restaurer la confiance dans les institutions démocratiques.

Cependant, un an plus tard, le bilan est catastrophique. L’insécurité s’est aggravée, le processus électoral n’a pas avancé et le référendum constitutionnel a échoué. Que reste-t-il des promesses faites par le CPT ?

Des leaders en tournée, mais pas d’actions concrètes

L’un des faits marquants de cette transition a été l’inaction de certains membres du CPT malgré leurs engagements initiaux :

  • Lesly Voltaire, représentant de Fanmi Lavalas, a effectué une tournée en Europe et promis d’ouvrir des routes et d’éradiquer les gangs. Mais, au final, il n’a rien réalisé, si ce n’est adresser une prière à la Vierge Notre-Dame du Perpétuel Secours et tenter de lancer officiellement l’aéroport international Antoine Simon dans le département du Sud, une initiative très critiquée par le peuple.
  • Fritz Alphonse Jean, représentant du Montana, a effectué une tournée en Jamaïque et a rencontré Marco Rubio, secrétaire d’État américain. Il a organisé plusieurs réunions autour de l’insécurité, mais la situation s’est encore détériorée. La capitale s’est effondrée et un autre département est presque tombé sous le contrôle des gangs.
  • Le parti politique EDE, pourtant membre du CPT, dénonce publiquement l’échec du Conseil et critique son incapacité à gérer la crise sécuritaire.

Un président impuissant face à la montée des violences ?

Dans son allocution, le président du CPT a reconnu les graves difficultés de l’année écoulée, notamment l’aggravation de l’insécurité, l’absence d’avancées électorales et l’échec du référendum constitutionnel. Il a toutefois appelé à raviver l’esprit de l’accord et à l’unité nationale pour éviter un naufrage total de la transition.

À dix mois de la date butoir du 7 février 2026, censée marquer la fin de la transition, les perspectives d’élections libres et crédibles s’éloignent. Le pays est au bord de l’effondrement total :

  • Les gangs contrôlent des pans entiers de la capitale et d’autres départements.
  • Le gouvernement est paralysé.
  • La population est épuisée et désespérée.

Mais après un an de transition, les Haïtiens voient surtout une insécurité grandissante et un pays au bord du gouffre. Face à cette situation, que fait réellement le CPT ? La nation haïtienne peut-elle espérer un avenir meilleur du pouvoir en place? 

Auteurs: Junior Jean & Mewodjina Fleurial