L’écrivaine haïtienne Yanick Lahens a remporté ce 30 octobre 2025 le Grand Prix du roman de l’Académie française pour son dernier ouvrage, Passagères de nuit, publié chez Sabine Wespieser. Le prix lui a été attribué au troisième tour de scrutin par 11 voix contre 10.

Réagissant à cette distinction, Lahens a confié que ce prix représentait avant tout « une bonne nouvelle pour Haïti », un pays dont on ne relaie pas assez les réussites : « Il y en a pourtant, malgré le chaos apparent. »

Une habituée des distinctions littéraires

Lauréate du prix Femina en 2014 pour Bain de lune, Yanick Lahens n’en est pas à son premier succès. Son nouveau roman, Passagères de nuit, figurait déjà parmi les finalistes du prix Goncourt 2025 avant d’être écarté lors de la deuxième sélection.

Cette nouvelle consécration vient confirmer sa place parmi les grandes voix de la francophonie et honore la littérature haïtienne toute entière, porteuse de beauté, de mémoire et de résilience.

Une œuvre ancrée entre mémoire et espérance

Lahens incarne une écriture à la fois lucide et sensible, mêlant la mémoire du passé à l’espérance de l’avenir. Son œuvre, souvent traversée par les fractures d’Haïti, transforme la douleur en poésie et le chaos en beauté.

De Dans la maison du père à Failles, de La Couleur de l’aube à Bain de lune, chaque texte est une pierre posée sur les ruines de l’histoire, une manière de reconstruire symboliquement le pays par les mots.

Une voix entre deux langues et deux mondes

L’écriture de Yanick Lahens se distingue par une fusion harmonieuse entre le français et le créole, langues qu’elle fait dialoguer avec grâce. Elle met en scène des femmes fortes, des hommes habités par la foi, et des paysages à la fois réels et mythiques.

En 2019, elle avait déjà marqué les esprits lors de sa leçon inaugurale au Collège de France, intitulée Urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter, affirmant qu’« écrire, c’est habiter le monde depuis sa fracture ».

Un message d’espérance pour Haïti

Alors qu’Haïti affronte aujourd’hui une crise profonde et subit encore les conséquences de l’ouragan Melissa, cette distinction agit comme un souffle d’espoir.

Le triomphe de Yanick Lahens rappelle que, malgré les épreuves, Haïti demeure une terre de création, de talent et de lumière. À travers elle, c’est toute une nation de mots et de mémoire qui se redresse, fière et digne, aux yeux du monde.