Au Soudan, les témoignages et preuves s’accumulent sur l’ampleur des atrocités commises par les Forces de soutien rapide (FSR) à El-Fasher, capitale du Darfour du Nord. Selon plusieurs organisations humanitaires, les paramilitaires ont perpétré des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité contre des civils sans défense depuis leur entrée dans la ville le 26 octobre, après un siège de plus d’un an.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent les FSR se livrant à des exactions d’une extrême brutalité : pendaisons, exécutions sommaires, tortures et autres actes de cruauté. Ces images, souvent tournées par les miliciens eux-mêmes, documentent l’ampleur des violences.
Plus de 2 000 civils tués en quelques jours
Selon le réseau des médecins du Soudan, le bilan humain dépasse les 2 000 morts dès les deux premiers jours de l’offensive sur El-Fasher. Parmi eux, plus de 400 malades et blessés ont été exécutés à l’hôpital saoudien, et une centaine d’autres dans des centres de fortune installés après la destruction des hôpitaux. Les civils fuyant la ville sont, eux aussi, victimes de violences, viols, pillages et meurtres, d’après Human Rights Watch (HRW).
Le général Hemedti reconnaît des « abus »
Face au tollé international, le général Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemedti, commandant des FSR, a admis dans une vidéo publiée le 29 octobre que des « violations » avaient été commises par ses troupes. Il a annoncé la création d’un comité d’enquête et promis que les responsables seraient « arrêtés et jugés publiquement ». Il a également déclaré vouloir libérer les civils détenus illégalement et garantir la liberté de circulation.
Cependant, ces déclarations contrastent avec d’autres images diffusées sur les réseaux sociaux, où le général Issa Fatef Abdallah Idriss, surnommé Abou Loulou, se vante d’avoir tué plus de 2 000 civils à El-Fasher, affirmant qu’il est prêt à recommencer.
L’OMS et l’ONU tirent la sonnette d’alarme
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite « consternée » par le massacre de plus de 460 personnes dans la maternité saoudienne d’El-Fasher. L’agence appelle à un cessez-le-feu immédiat et à un accès humanitaire pour venir en aide aux survivants.
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni le 30 octobre pour examiner la situation. Il a condamné unanimement les atrocités commises par les FSR, notamment les exécutions sommaires et détentions arbitraires. Le secrétaire général Antonio Guterres a exhorté les deux camps à s’engager rapidement vers une solution négociée.
Appels internationaux et réactions diplomatiques
Les États-Unis ont qualifié les actes des FSR de génocide, appelant à des sanctions contre leurs dirigeants. Le Royaume-Uni a également insisté sur la nécessité de tenir les responsables pour compte, tandis que la France demande une réaction forte du Conseil de sécurité et un couloir humanitaire sécurisé pour les civils.
La Russie, de son côté, plaide pour une approche reposant sur le dialogue entre les acteurs soudanais. Le gouvernement de Khartoum, quant à lui, accuse les FSR d’avoir utilisé des armes chimiques et réclame que la milice soit classée comme organisation terroriste en raison du « génocide » perpétré à El-Fasher.
Une urgence humanitaire majeure
Alors que la ville d’El-Fasher est désormais entièrement contrôlée par les FSR, les humanitaires redoutent une catastrophe encore plus grave si la communauté internationale ne réagit pas. Human Rights Watch avertit que, sans action rapide, les civils risquent de subir des crimes encore plus atroces dans les jours à venir.

