Mardi 14 Octobre – La protestation déclenchée par le mouvement Gen Z Madagascar a amené le pays au bord d’une crise sociopolitique complexe. En effet, depuis quelques semaines, le Madagascar fait face à une contestation de la jeunesse, qui revendique de meilleures conditions de vie. Le mouvement qui a conduit à la démission du gouvernement, exige aussi celle du président. Une idée que le président malgache écarte totalement. Rejoint par une fraction de l’armée, l’Assemblée nationale a procédé aujourd’hui à un vote, et annoncé la destitution du Président.

Le Madagascar face à sa cinquième crise politique depuis 1960
Depuis son indépendance, le Madagascar vit actuellement sa cinquième crise politique. Les précédentes ont eu des répercussions importantes, et ont bouleversé l’ordre politique du pays.
En 1972, le régime pro français de Philibert Tsiranana, a été renversé par des étudiants qui réclamaient la justice sociale. Les grèves et les marches de 1991, un an après la célébration des trente années d’indépendance, renversent le régime en place. Toujours en proie aux mêmes élites politiques, la démocratie a du mal à évoluer.
L’entrepreneur Marc Ravalomanana, investi du pouvoir en 2001 sous les mêmes conditions, est renversé quelques années plus tard par le président actuel. Le maire d’Antananarivo, avec l’aide des militaires, prit le pouvoir en 2009. Il était alors perçu comme celui qui devait apporter la réponse aux multiples problèmes des malgaches. Mais les conditions de vie n’ont pas pour autant amélioré. Et ceci, malgré une croissance de 4,2 % enregistrée en 2024.
Certes, les mouvements de protestation de la Gen Z ont été déclenchés par les coupures d’eau et d’électricité, mais le fond reste les conditions de vie déplorables. Depuis mi-septembre, la jeunesse investit les rues, exige le départ du gouvernement, et réclame une meilleure condition de vie.
L’armée à la rescousse
Face à la dégradation de la situation, l’armée a été sollicitée pour ramener l’ordre. Une unité militaire, le CAPSAT (Corps d’Armée des Personnels et des Services Administratifs et Techniques), se distingue le 12 octobre en ordonnant à ses forces de sécurité de ne pas tirer sur les manifestants, et de désobéir aux ordres des autorités malgaches. Ensuite, l’unité militaire a rejoint les manifestants au centre de la capitale malgache. Face à la tension de la situation, le Président Andry Rajoelina trouve refuge à l’ambassade de France. Il faut noter que celui-ci détient également la nationalité française. Selon RFI, la veille, soit le lundi 13 octobre, le président aurait été exfiltré à bord d’un avion militaire français.
Le président destitué par l’Assemblée Nationale
Dans un direct diffusé ce matin, le Président Malgache a annoncé être à l’abri dans un lieu sûr, après avoir échappé à une tentative de meurtre. Dans la foulée, il dissout également l’Assemblée nationale qui était pressentie pour procéder à un vote visant sa destitution. Plus tard, dans la même journée, l’Assemblée nationale a procédé au vote sur la motion de destitution. Et selon le résultat, sur les 163 députés, 130 députés ont voté en faveur de la destitution du chef de l’État. Cette destitution doit être formellement déclarée par la haute cour constitutionnelle.
Rajoelina, de son côté, a dénoncé un vote dépourvu de toute base légale. D’un autre côté, l’unité militaire CAPSAT a annoncé prendre le pouvoir. Le chef militaire de ce corps d’armée, le colonel Michael Randrianirina, a, devant le palais présidentiel, déclaré : “ On va prendre le pouvoir à partir d’aujourd’hui, et on dissout le Sénat et la haute cour constitutionnelle. L’Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler.”
La haute cour constitutionnelle quant à elle, après avoir constaté la vacance du poste de Président, a invité dans un communiqué, le colonel Michael Randrianirina à exercer les fonctions de chef d’État. Le Président dénonce une tentative de coup d’État. Dans un communiqué de la présidence, on affirme que le président demeure pleinement en fonction, et que la République de Madagascar ne saurait être prise en otage par la force.
La situation actuelle établit de facto les militaires au pouvoir. Par contre, on ne saurait dire avec certitude qui dirige effectivement le pays.

