AYITI AN AVAN

Le Nigéria sous la menace d’une intervention militaire américaine

Le Nigéria sous la menace d’une intervention militaire américaine

Un vendeur propose des journaux locaux dont les gros titres font référence aux commentaires du président américain Donald Trump AP Photo
Ce dimanche 2 novembre, le président américain Donald Trump a menacé le Nigeria d'une intervention militaire. Le président américain accuse le pays de laisser une persécution se fomenter contre les chrétiens. En reprenant les accusations des milieux évangéliques conservateurs américains, le président juge qu'il faudrait intervenir et aider les chrétiens. 

Ce dimanche 2 novembre, le président américain Donald Trump a menacé le Nigeria d’une intervention militaire. Le président américain accuse le pays de laisser une persécution se fomenter contre les chrétiens. En reprenant les accusations des milieux évangéliques conservateurs américains, le président juge qu’il faudrait intervenir et aider les chrétiens. 

Mais derrière cette menace, qu’en est-il en réalité ?

Un vendeur propose des journaux locaux dont les gros titres font référence aux commentaires du président américain Donald Trump AP Photo
Un vendeur propose des journaux locaux dont les gros titres font référence aux commentaires du président américain Donald Trump AP Photo

Une violence sans distinction de religion

Pour une bonne appréhension de la situation du Nigeria, il faut déjà comprendre sa démographie. C’est l’un des pays les plus grands du monde, et le plus peuplé en Afrique avec quelques 212 millions d’habitants. La population chrétienne du Nigeria, qui est de l’ordre de 46%, vit majoritairement dans le sud, alors que sa population musulmane, soit 53%, vit dans le nord. C’est une parité presque parfaite, avec des différences ethno linguistiques importantes.

Le Nigeria fait face à une vague d’insécurité depuis quelques années suite à la montée du djihadisme. Selon les estimations des Nations-Unies, plus de 40 000 personnes ont été tuées, et près de 2 millions déplacées depuis 2009 à cause des exactions du groupe Boko Haram. Le nord-ouest du pays est également déstabilisé par la prolifération de groupes armés venus du Sahel, opérant notamment au Mali et au Niger. La violence au Nigeria est endémique. Les terroristes ne font distinction ni de chrétiens ni de musulmans. La plupart de leurs victimes sont des musulmans qui ne pratiquent pas correctement la charia. 

Un discours on ne peut plus simpliste 

Si le gouvernement nigérian continue à autoriser le massacre des chrétiens, les États-Unis cesseront immédiatement toute aide et assistance au Nigeria, et pourraient très bien envahir ce pays désormais discrédité, « les armes à la main », afin d’éliminer complètement les terroristes islamiques qui commettent ces horribles atrocités », a écrit Donald Trump sur son réseau social.

Selon les autorités nigériennes, des milliers de musulmans ont été tués par ces terroristes. La réalité de l’insécurité au Nigéria est beaucoup plus importante que celle qui concerne les chrétiens. Les estimations des victimes et celles des chrétiens assassinés sont deux choses différentes qu’il faut prendre en considération. Donald Trump, dans son discours, a utilisé un simpliste ahurissant en affirmant qu’une persécution se perpétrait contre les chrétiens. Ce discours met de côté la grande partie des victimes. 

J’ordonne par la présente à notre ministère de la Guerre de se préparer à une éventuelle action. Si nous attaquons, ce sera rapide, violent et efficace, tout comme les terroristes attaquent nos chers chrétiens !, a renchéri Donald Trump.

Selon le politologue Dele Babalola de l’université de Canterbury-Christ Church au Royaume-Uni, les violences ne ciblent pas uniquement les chrétiens. Les groupes criminels et les organisations terroristes ne font pas de discrimination aux chrétiens et musulmans, a déclaré le chercheur. La violence qui fait rage n’est pas une guerre de religion. La déclaration de Donald Trump l’a réduit qu’à une guerre de religion. 

Le Nigeria compte près de 300 groupes ethno-linguistiques. Les rivalités ethniques et les conflits fonciers sont des facteurs qui alimentent la sécurité. L’insécurité met également en face des agriculteurs et des éleveurs. Les violences au Nigeria ont de multiples raisons et de multiples facteurs tout autant que religieux, économiques et tribaux.

Réactions des autorités du Nigéria

Face à la menace de Donald Trump, le Nigeria a joué la carte de l’apaisement. Abuja a tenu à rejeter les accusations, et a affirmé qu’aucune politique n’était menée à l’encontre des chrétiens au Nigeria. 

Le président nigérian, Mbola Hamed Tinubu, a déclaré que son administration était disposée à rencontrer le président américain afin qu’ils puissent lutter conjointement contre le terrorisme et coopérer en matière de sécurité. Il a toutefois souligné que cette collaboration se fera sous la souveraineté nigériane. Dans un poste publié sur X, le président Mbola Tinubu a qualifié le Nigeria comme un pays tolérant sur le plan religieux. 

Le porte-parole du président, Daniel Bwala, considère la menace du président comme une tactique de négociation. Il a tenu à rappeler que le Nigeria et les États-Unis collaboraient déjà dans la lutte contre les insurgés islamistes. 

D’autres observateurs voient en cette menace une tentative de Donald Trump de s’emparer des richesses du Nigeria. Le pays regorge de pétrole. Et à l’instar de la Colombie et du Venezuela qui font face à la pression américaine, pour certains il s’agit maintenant du Nigeria.

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